Sous l’éclat blanc du jour, sous la fraîcheur des cèdres,
Sous la nuit où poudroie un peuple de soleils,
Longtemps j’ai promené mes souvenirs, pareils
Aux tragiques douleurs des Saphos et des Phèdres ;
Mais l’azur clair, les bois profonds, les blondes nuits
En moi n’ont point versé leurs influences calmes ;
Sous les astres, sous les rayons et sous les palmes,
Sans espoir je promène encore mes ennuis.
Que la forêt frémisse ainsi qu’un chœur de harpes,
Ou que le soir s’embaume aux calices ouverts,
Le son ou le parfum des maux jadis soufferts
Descend sur ma pensée en funèbres écharpes.
Ames tristes des fleurs, chastes frissons des bois,
Me haïssez-vous donc, puisqu’il faut que je sente
Dans vos aromes chers les baisers de l’absente
Et que j’entende en vos échos vibrer sa voix ?
François Coppée, Le Reliquaire, 1866