Pourquoi depuis un temps, inquiète et rêveuse,
Suis-je triste au sein des plaisirs?
Quand tout sourit à mes désirs,
Pourquoi ne suis-je pas heureuse?
Pourquoi ne vois-je plus venir à mon réveil
La foule des riants mensonges?
Pourquoi dans les bras du sommeil
Ne trouvé-je plus de doux songes?
Pourquoi, beaux-arts, pourquoi vos charmes souverains
N’enflamment-ils plus mon délire?
Pourquoi mon infidèle lyre
S’échappe-t-elle de mes mains?
Quel est ce poison lent qui pénètre mes veines,
Et m’abreuve de ses langueurs?
Quand mon âme n’a point de peines,
Pourquoi mes yeux ont-ils des pleurs?
Adélaïde Dufrénoy, Elégies, suivies de poésies diverses, 1813
C’est un poème magnifique. En français, il sonne comme de la musique. Dommage que personne n’ait encore osé en faire une version rimée.