Dernier trésor d’une amie,
Toi dont les chastes amours
Aux jours sombres de ma vie
Font succéder de beaux jours,
Ah ! Pardonne à ma tendresse
Le caprice et le soupçon ;
Quand on aime avec ivresse
On perd souvent la raison.
Je sais que ton âme pure
Méprise un art imposteur,
Que je te fais une injure
En soupçonnant ta candeur.
J’abhorre la jalousie,
Qui m’atteint de son poison ;
Mais je t’aime à la folie ;
Je perds souvent la raison.
À mes injustes alarmes
Loin d’opposer des froideurs,
Lorsque tu verras mes larmes
Presse ton cœur sur mon cœur ;
Qu’un regard, un doux sourire,
Bannissent mon noir soupçon ;
Montre-moi plus de délire,
Et j’aurai plus de raison.
Adélaïde Dufrénoy, Elégies, suivies de poésies diverses, 1813