J’aime tout dans l’objet de ma fidèle ardeur,
Le génie et le caractère ;
J’aime son regard enchanteur,
Son souris malin et flatteur,
Et son humeur grave et légère.
J’aime son esprit juste et fin ;
J’aime encor les jaloux caprices
Qui lui font haïr le matin
Ce qui le soir fait ses délices ;
J’aime son air noble et lutin.
J’aime le pouvoir despotique
Que son cœur orgueilleux exerce sur le mien ;
Ses éloges adroits, son adroite critique,
Me font chérir son entretien.
Il n’a que plus de grâce alors qu’il est coupable :
En vain se défend-on de vivre sous sa loi,
On l’adore en dépit de soi ;
Nul n’a plus de défaut, et nul n’est plus aimable.
S’il est parfois un peu trompeur,
Il sait par tant d’amour expier tant d’alarmes
Qu’aux pleurs qu’il fait répandre on trouve encor des charmes.
Son tendre repentir donne encor le bonheur.
Sa flamme maintenant à la mienne est égale ;
Mais, s’il pouvait changer un jour,
Il me ferait, je crois, lui pardonner l’amour
Qu’il sentirait pour ma rivale.
Adélaïde Dufrénoy