Mon beau tzigane mon amant
Écoute les cloches qui sonnent
Nous nous aimions éperdument
Croyant n’être vus de personne
Mais nous étions bien mal cachés
Toutes les cloches à la ronde
Nous ont vus du haut des clochers
Et le disent à tout le monde
Demain Cyprien et Henri
Marie Ursule et Catherine
La boulangère et son mari
Et puis Gertrude ma cousine
Souriront quand je passerai
Je ne saurai plus où me mettre
Tu seras loin Je pleurerai
J’en mourrai peut-être
Guillaume Apollinaire, Rhénanes, Alcools, 1913
Ecoutez Léo Ferré chanter ce poème: sa musique est un écrin et sa voix vibre d’émotion…
Merveilleux Apollinaire qui avez tant fait rêver l’adolescente que j’étais il y a longtemps… J’ai vieilli mais je retrouve toujours l’émoi qui était le mien à la lecture de vos vers qui m’entraînent si loin dans mes rêveries…
Gloire à Guillaume Apollinaire ! Je lève mon calice, en espérant que dans le café dans lequel il monte sur le zinc pour déclamer une ode, il entende le clinquement de nos verres, et sourie à Marie, Max, Pablo et consorts…