Tandis qu’à leurs œuvres perverses
Les hommes courent haletants,
Mars qui rit, malgré les averses,
Prépare en secret le printemps.
Pour les petites pâquerettes,
Sournoisement lorsque tout dort,
II repasse des collerettes
Et cisèle des boutons-d’or.
Dans le verger et dans la vigne,
II s’en va, furtif perruquier,
Avec une houppe de cygne,
Poudrer à frimas l’amandier.
La nature au lit se repose ;
Lui, descend au jardin désert
Et lace les boutons de rose
Dans leur corset de velours vert.
Tout en composant des solfèges
Qu’aux merles il siffle à mi-voix,
II sème aux prés les perce-neige
Et les violettes au bois.
Sur le cresson de la fontaine
Où le cerf boit, l’oreille au guet,
De sa main cachée il égrène
Les grelots d’argent du muguet.
Sous l’herbe, pour que tu la cueilles,
II met la fraise au teint vermeil,
Et te tresse un chapeau de feuilles
Pour te garantir du soleil.
Puis, lorsque sa besogne est faite,
Et que son règne va finir,
Au seuil d’avril tournant la tête,
II dit : « Printemps, tu peux venir ! »
Théophile Gautier (1811-1872)
Ici, j’aimerais répondre à Raymond Viguier qui souhaite que « sa lanterne soit éclairée » sur les deux premiers vers du poème de Théophile Gautier. Je ne prétends ni détenir la vérité, ni être absolument sûre que mon interprétation soit celle que l’auteur aurait donnée !.. Toutefois, je trouve absolument génial, qu’à une époque où la mécanisation et l’industrialisation étaient en plein essor et enthousiasmaient le monde entier, que Théophile Gautier ait déjà senti tous les « dangers » qu’un tel développement risquaient d’apporter. Ne sommes-nous pas à l’époque actuelle justement devenus « ces hommes haletants » constamment en train de courir?!… Et leurs « œuvres », c’est-à-dire le résultat de toutes leurs phénoménales inventions, n’ont-elles pas finalement apporté à l’Humanité beaucoup de facilités fallacieuses, car finalement celles-ci déconnectent de plus en plus l’être humain de tout ce qui le reliait intensément à la nature, au cosmos, à la Création toute entière ? C’est en cela, à mon avis que l’auteur qualifie à juste titre les « œuvres » des Hommes de « perverses ». Et malgré tout (« tandis que les hommes courent haletants »), la nature continue à nous gratifier de ses merveilles, même si nous sommes devenus « aveugles » et souvent dépourvus de tout respect devant le grand mystère de la Création. Dans son ovation au Printemps, Théophile Gautier essaye de nous dessiller les yeux et par là de nous faire prendre conscience que le matérialisme à outrance nous éloigne de notre condition d’Homme. Car l’Homme n’est pas seulement chaire, mais aussi esprit et de ce fait est indéniablement relié à la nature et au cosmos. En acceptant aveuglément les faux appâts de la matérialisation, ne nous déconnectons-nous pas du monde spirituel et ne courons-nous pas ainsi lentement à notre perte ?
« Mars qui rit, malgré les averses, prépare en secret le printemps. » C’est ce que j’aime à dire encore aujourd’hui quand le soleil de mars se montre un peu avare de ses rayons et arrose plus que je ne le souhaiterais mon jardin. A 78 ans, j’ai plaisir à retrouver, entier, ce poème de Théophile Gautier dont quelques vers seulement résonnent encore en moi comme au temps où mon institutrice m’imposait de le graver dans mon disque dur et de le réciter. Eh oui !… je ne savais alors que le réciter et non le dire !… C’est un beau poème dont j’apprécie le choix des métaphores qui donnent une âme à la nature et la font vivre sous nos yeux. Les deux premiers vers pourtant me posent problème et me gênent quelque peu aujourd’hui : que sont donc ces œuvres perverses auxquelles courent les hommes haletants ?… Au 19ème siècle pourtant, l’homme respectait mieux que de nos jours la nature !… en quoi consistait sa perversité ? Je le répète, ces deux vers me laissent un peu perplexe… Dommage que l’auteur ne soit plus de ce monde pour éclairer ma lanterne!… Je vais attendre de le rencontrer dans l’au-delà pour satisfaire ma curiosité !
À bientôt 90 printemps, l’aînée de mes arrières-petits-enfants était étonnée de m’entendre lui réciter quelques strophes de ce poème qu’enfant j’aimais tant au point de m’en souvenir encore comme si c’était hier, dès les premières giboulées de Mars…
C’est avec beaucoup d’émotion que toutes les années quand arrive le printemps, ces strophes merveilleuses me reviennent systématiquement sur les lèvres. J’ai appris ce poème quand j’avais 9 ou 10 ans, il est toujours en moi… et j’ai 73 ans !!!
J’ai appris ce merveilleux poème quand j’avais 1O ans: Je m’en souviens encore aujourd’hui à l’age de 😯 ans. Quel bonheur!
C’est un très beau poème, très difficile à apprendre. J’ai 55 ans, je l’ai appris en primaire. Il rappelle que la nature reste toujours maître.
J’ai 82 ans. J’ai enseigné de 1952 à 1962 comme institutrice école primaire,de la maternelle au cours complémentaire parfois de l’aigoual à la Camargue. Après un séjour de 5 ans à Perpignan je suis partie en Vienne où l’occasion me fut donnée de reprendre mes études pour enseigner à des élèves en difficulté de 4 à 12 ans puis de 12 à 19 dans un collège. Partout j’ai fait apprendre le printemps, nuit de neige, & tant d’autres poèmes que même les plus handicapés, étrangers aussi parfois. Mon petit-fils n’a parfois appris qu’une seule poésie vite oubliée. HEUREUX qui a profité des 30h./s
Tellement beau, les poèmes ça m’inspire trop
superbe poesie
mon père me faisait réciter avec un grand bonheur ce merveilleux poème appris à l’école primaire que j’avais oublié partiellement… Quelle joie de retrouver ses souvenirs d’enfance !
Merci
Je viens de retrouver à 90 ans tout le texte d’un poême que j’ai appris à l’école et qui me trotte dans la tête à chaque printemps !! Merci !
J’ai appris cette poésie à l’école primaire et malgré mes 80 ans, je me la remémore encore (partiellement en tout cas)
J’aime beaucoup cette poésie. Elle est passionnante, Théophile je te dis merci, meme si tu es mort. C’est la meilleur poésie que j’ai connue.
Théophile Gautier ta poésie est très très dure à apprendre !
Boniface, 9 ans, CE2
C’est ma poésie préférée. Et tous les ans au mois de Mars
je la retrouve.je l’ai apprise à l’école il y a fort longtemps, c’est un souvenir et c’est le renouveau, cela donne beaucoup d’espoir et de bonheur,
Merci Monsieur Théophile Gautier.
(j’ai 75 ans)
J’ai 7O ans , et depuis l’âge de 1Oans, chaque printemps j’ai ces trois strophes qui me reviennent. Je redécouvre aujourd’hui l’auteur et le poème en entier. Je suis très ému !
j’adore, tous les ans en mars je le lis à mes petits enfants de l’école !
J’ai 10 ans et je trouve qu’elle est très difficile à apprendre !!!!!!!
J’adore ! et vous, vous adorez ? oui ou non ?
I love you Theophille. J’adore cette poèsie.
I love this poem because springtime is such a beautiful time of the year.
Très poètique, … j’adore 🙂 En+, j’ai eu un 20 en poésie grace à ce magnifique poème ! Merci Théodore ! Mdrr
j ‘adore
J’adore ce poème. Peut-on décrire le plaisir de la poésie?
J’ai appris ce poème il y a longtemps (j’ai 65 ans). Je me souvenais des trois premières strophes, puis… pff. Je le retrouve avec plaisir et le réciterai prochainement lors d’une animation de bibliothèque (je suis bibliothécaire bénévole) aux petits comme aux grands…
Le bon vieux temps où chaque mot a sa valeur, sa place et son sens.