Or, voyez qui je suis, ma mie.
Alfred de Musset.
L’eau, dans les grands lacs bleus
Endormie,
Est le miroir des cieux :
Mais j’aime mieux les yeux
De ma mie.
Pour que l’ombre parfois
Nous sourie,
Un oiseau chante au bois :
Mais j’aime mieux la voix
De ma mie.
La rosée, à la fleur
Défleurie
Rend sa vive couleur :
Mais j’aime mieux un pleur
De ma mie.
Le temps vient tout briser.
On l’oublie :
Moi, pour le mépriser,
Je ne veux qu’un baiser
De ma mie.
La rose sur le lin
Meurt flétrie ;
J’aime mieux pour coussin
Les lèvres et le sein
De ma mie.
On change tour à tour
De folie :
Moi, jusqu’au dernier jour,
Je m’en tiens à l’amour
De ma mie.
Mars 1845.
Théodore de Banville, Les Stalactites, 1846