Vous qui chantez les choses d’autrefois,
Vous qui avez exploré le dehors, la surface des races, la vie qui se montre,
Qui avez traité de l’homme comme créature des politiques, sociétés, législateurs et prêtres,
Moi, citoyen des Alleghanies, traitant de l’homme tel qu’il est en soi, en ses propres droits,
Tâtant le pouls de la vie qui s’est rarement montrée d’elle-même (le grand orgueil de l’homme en soi),
Chantre de la Personnalité, esquissant ce qui doit encore être,
Je projette l’histoire de l’avenir
Walt Whitman, Feuilles d’herbes (Traduction de Jules Laforgue)
A la première lecture cela m’est resté flou. Puis, à la deuxième j’ai vu immédiatement l’idée de la superficialité « dehors », « surface » et « qui se montre ». Voilà le regard de l’histoirien sur l’homme, regard superficiel, apparent… Contrairement au poète pour qui l’homme est vu dans son essence, dans son individualité « Personalité » avec un grand P. L’homme est un homme avant d’être un membre de la société. Il doit parler des voix infinies selon le lecteur.
« l’histoire en mouvement », sous la prose poétique de WW, s’apprécie à la lueur d’émotions trop rarement évoquées en histoire, excepté chez un certain nombre d’historiens.
Sur un terrain houleux c’est plutôt bien. Même si à mon avis ca restera toujours compliqué de traiter des thèmes comme celui-ci tout en restant dans une sphère poétique ou sous forme de prose.
Pas mal!
Trop compliqué ? Pour les uns… extrêmement révélateur, d’une multitude de sens pour d’autres… (ici, en commentaire) aucun ne rend hommage au poète ! Ne lisez pas ceci pour grandir votre culture, votre savoir, ou encore pour développer le poète en vous. Lisez-le, pour égailler votre cœur. Car la poésie c’est le superflu de la vie. Et que seul le superflu n’a d’importance…
Il faut donc apprendre à lire et à réfléchir pour comprendre. Et ne rien censurer.
L’historien traite l’homme en son « actuel » à partir du procés phénoménologique de la durée.
Ce qui le condamne à perdre de vue l’homme dans son essence et donc à entretenir l’illusion d’une réalité de l’Histoire en tant que cours intelligible à même d’éclairer l’avenir;
Ce contre quoi le poète s’inscrit en faux car de la plce où il situe son regrad l’homme n’est jammais actuel , il est toujours potentiel pour ainsi dire. En ce sens son avenir reste toujours ouvert en dépit des prévisons selon des lois déterminées par l’historien.
De même sa personnalité n’est pas réductible au découpage des sciences dites humaines car elle excède toujours les catégories empriques ou a -priori.
Dès lors, l’historien et au delà de lui, le scientisme social ne peut rien apprendre d’essentiel sur l’homme trop occupé à le decrire superficiellent.
A la limite grand bien lui fasse à l’historien si ce n’était à prétendre détenir une vérité ultime sur l’homme à partir de son savoir, qui pourrait finalement l’enfermer dans un destin.
Car ne l’oublions pas, l’historien est toujours en proie à tomber dans les pièges de l’anchronisme ou de l’illusion rétrospective ( Bergson)sans parler de son savoir pour une grande part imaginaire.
En fait, Walt Whitman oppose l’historien, l’homme du passé, l’Européen en fait, à l’homme américain, sorte de nouvel Adam, vierge de ce même passé, le « citoyen des Alleghanies » qui fonde un monde nouveau.
Ce faisant, il s’inscrit dans tout un courant (il n’aurait pas aimé le mot « tradition » qui, de Hawthorne à Thoreau a donné sa base idéologique à l' »homo americanus ».
C’est toujours un peu compliqué la poésie.
Je pense que WW oppose ici l’homme politique en tant que constitutif de civilisations, à l’homme naturel, l’homme primitif de JJ Rousseau, ici, selon WW l’homme des montagnes boisées d’Amérique du Nord, dans les Appalaches (Alleghany).
Le poète se place « au-dessus » de nos vies sociales pour prévoir l’avenir de l’homme naturel, en son essence.
Oui, non ? peut-être ?
trop compliqué