à celle qui m’a dit : « tu mourras seul »
« ese pájaro come a grandes picotazos el silencio
luego alzará el vuelo
cet oiseau mange à grands coups de bec le silence
puis il se mettra à voler »
Victor Rodriguez Nuñez, Cuba
la scène représente un humain présumé poète
un public présumé public
un monde présumé monde
« je me confesse à toi, mon public
qui attendais de la poésie apaisement et rêve
ma poésie est violence et plongée dans les ténèbres de la vie
car la vie est d’abord ténèbres
d’abord angoisse
d’abord peur de vivre
je me confesse à toi, mon public
qui aspirais à l’apaisement des mots
ma poésie est l’inquiétude de l’aube
quand les oiseaux dorment encore, mais disparu l’éclat de la lune
et le soleil nous a abandonnés sans au-revoir.
À toi mon public, qui croyais à l’amour
ma poésie cherchait l’amour
ma poésie cherchait le sourire
et l’abandon dans la folie d’être deux
mais ma compagne a dit : tu mourras seul
devant la grande barrière des montagnes
et depuis me serre à la gorge l’angoisse de la mort.
Je me confesse à toi, mon public, qui attends la joie
ma poésie est le contraire de la joie
ma poésie est jouissance éphémère
soupirs volés dans la pénombre d’une nuit d’été
ma poésie est silence.
À toi, mon public, qui attendais la Sagesse,
ma poésie est folie
errance sur les fleuves de la nuit
en quête d’insaisissables estuaires »
la scène était un humain présumé poète
la scène était un public présumé public
la scène était un monde présumé monde
Villebramar, 2017