Mes pleurs sont à moi, nul au monde
Ne les a comptés ni reçus,
Pas un oeil étranger qui sonde
Les désespoirs que j’ai conçus
L’être qui souffre est un mystère
Parmi ses frères ici-bas ;
Il faut qu’il aille solitaire
S’asseoir aux portes du trépas.
J’irai seule et brisant ma lyre,
Souffrant mes maux sans les chanter ;
Car je sentirais à les dire
Plus de douleur qu’à les porter
Paris, 1835
Louise Ackermann, Premières poésies (1871)
Ce poème est d’une beauté indescriptible. La poésie est un bel outil qui permet de se confier à des inconnus puisqu’il nous est impossible de le faire avec nos proches.
Magnifique poème de vérité. malgré les écrits du passé et celui de ma propre vie et mon réel ressentis à ce jour ces mots sont ma vie…. Brigitte
Je suis confuse. Je me suis trompée quant à la date du veuvage de la poète. Elle ne peut faire référence à son époux qu’elle n’a pas encore rencontré. C’est donc seulement à la poésie qui chante la douleur qu’elle renonce. Ce qui est très fort aussi.
Si j’en juge par la date de rédaction, 1835, la poète pleure son époux et les derniers vers se comprennent particulièrement avec cet éclairage. D’une part, elle s’est en effet retirée dans la solitude (« j’irai seule et brisant ma lyre ») D’autre part, dans ce contexte, évoquer sa souffrance et son deuil ne peut qu’en redoubler leur poids, en en renouvelant l’intangible réalité
(« Car je sentirais à les dire / plus de douleur qu’à les porter »).
Très beau dans la concision. Pas de blabla du tout contrairement à ce qu’avance un commentaire malicieux qui s’insurge peut-être contre tout commentaire.
Très grand merci pour ce site !
Je ne connaissais pas cette poétesse. C’est un bien beau poème. Il traduit bien la douleur du déprimé. Heureusement, que la dépression est si fréquente, si rarement bien traitée. Elle nous donne la plupart des oeuvres d’art et, spécialement, des poésies.
La souffrance est si personnelle, indicible… et nous aimons la force, la puissance des mots et de l’émotion. S’ouvrir n’est pas se confier, aimer… tenter de panser. Et enfin savoir partager sans accabler. Ce poème m’impressionne, tellement criant de vérité… un vrai coup de cœur, magnifique plume.
Personnellement je vois dans ce poème une certaine ironie et contradiction ; appelée poète et pourtant incapable de transmettre avec les mots, la place de l’autre est aussi importante que celle du poète.. . Je pense que ce poème parle du fait que parfois, les mots ne suffisent juste pas. Personne ne se comprend, on s’accepte juste.
J’adore ce poème joyeux et heureux
D’où vient la tristesse des poètes ? Peu de gens le savent… La seule chose qu’on sache, c’est qu’ils écrivent souvent pour s’envoler, dans un espace de calme, de création incertain.
A l’instar de cette poésie magnifique, j’aime le commentaire d’Ann qui dit mieux que je ne saurais le faire tout le bien que je pense.
blablabla… que des mots ennuyant…
Ce poème soigne les maux de l’âme et invite à en lire d’autres pour continuer d’avancer, il est très réaliste. Le titre me semble empreint d’ironie.
Les grandes douleurs sont muettes mais la poésie exprime ce qui ne peut se dire avec pudeur et révèle plus que l’auteur lui même n’aurait voulu dévoilé. Le poète m’émerveille par son accès à l’invisible et son immersion d’un au-delà du soi.
Moi aussi, j’ai beaucoup aimé. J’aimerais simplement savoir si ce poème entre dans la catégorie lyrique? Au passage, merci aux créateurs de ce site sans lequel je ne pourrais pas faire mon anthologie.
poème très réaliste, très touchant !
Tres beau, tellement triste, tellement vrai. C’est inutile d’en parler à quelqu un, on passe pour quelqu’un qui pleure sur soi.
En effet, dire ses maux ne soulage en rien.
Evocation de la souffrance indicible et dissensuel.
très joli poème.
je kiff grave. Très touchant
Très joli poème, très touchant…il traduit parfaitement la peine et la solitude endurées
Très beau et réaliste, magnifique.
il y’a que soi meme pour comprendre l’angoisse que notre inconscient nous inflige
C’est bien là la contradiction du poète, qui est si puissant à choisir les mots, et si impuissant à parler de lui
Perdre son temps pour une personne qui ne le perdra surement jamais pour toi et une preuve que tu as un coeur très ouvert et qui s’ouvre pour des personnes que ne le mérite pas…
Sûr que nul n’est mieux placé que soi-même pour apprécier ses propres souffrances à leur juste mesure. Chacun est un mystère pour les autres,ce qu’ elle avait bien compris l’artiste.
Emouvante sobriétée.
Il faut le vivre pour le comprendre
C’est tellement Beau…
Il me fait vibrer 😀
c’est trop beau c’est magnifique
M A G N I F I Q U E