à M.
Écrire pour son simple plaisir, écrire sans penser au regard, au regard des autres, écrire comme coule un ruisseau, et comme lui se laisser descendre vers la mer
écrire pour moi aussi longtemps qu’il y aura une douleur dans le monde une femme à aimer et maintenant seulement une femme à regarder statue de sel mais ni regrets ni larme
écrire sans se demander comment sera demain ni si mes vers font quatre ou six ou douze pieds
sur ou sous terre écrire comme une improvisation comme faisait Glen Gould de Jean Sébastien Bach écrire comme sur son piano Yamaha avec ses doigts d’ours, écrire avec mes doigts de vivant, et lui, jouer encore avec ses doigts de musicien mort
dire à la page blanche, lui dire quoi ? rien de bien grave, page, page blanche c’est seulement un ruisseau qui coule, une âme en perdition sur les routes de la voie lactée
écrire enfin en pensant à toi et comme j’ai aimé combien combien et follement je t’ai aimée avec l’espoir fou de rentrer dans ton corps corps et âme rentrer rentrer pour plus jamais n’en ressortir
écrire alors que courent les minutes de la nuit, écrire et ce ruisseau, personne ne le voit couler vers la mer, comme personne ne m’a vu t’aimer dans tous les ports du monde dans les pays où jamais nous ne fûmes sinon en rêve sinon en rêve sinon en rêve vaisseau fantôme port fantôme poème fantôme
t’aimer comme coule un ruisseau et comme lui descendre vers la mer
la mer comme un poème improvisé
improvisé.
Villebramar, 2017
Très joli poème. J’ai vraiment aimé. C’est une vraie improvisation poétique. Merci, je vais partager.