Lorsque avec ses enfants vêtus de peaux de bêtes,
Echevelé, livide au milieu des tempêtes,
Caïn se fut enfui de devant Jéhovah,
Comme le soir tombait, l’homme sombre arriva
Au bas d’une montagne en une grande plaine ;
Sa femme fatiguée et ses fils hors d’haleine
Lui dirent : « Couchons-nous sur la terre, et dormons. »
Caïn, ne dormant pas, songeait au pied des monts.
Ayant levé la tête, au fond des cieux funèbres,
Il vit un oeil, tout grand ouvert dans les ténèbres,
Et qui le regardait dans l’ombre fixement.
« Je suis trop près », dit-il avec un tremblement.
Il réveilla ses fils dormant, sa femme lasse,
Et se remit à fuir sinistre dans l’espace.
Il marcha trente jours, il marcha trente nuits.
Il allait, muet, pâle et frémissant aux bruits,
Furtif, sans regarder derrière lui, sans trêve,
Sans repos, sans sommeil; il atteignit la grève
Des mers dans le pays qui fut depuis Assur.
« Arrêtons-nous, dit-il, car cet asile est sûr.
Restons-y. Nous avons du monde atteint les bornes. »
Et, comme il s’asseyait, il vit dans les cieux mornes
L’oeil à la même place au fond de l’horizon.
Alors il tressaillit en proie au noir frisson.
« Cachez-moi ! » cria-t-il; et, le doigt sur la bouche,
Tous ses fils regardaient trembler l’aïeul farouche.
Caïn dit à Jabel, père de ceux qui vont
Sous des tentes de poil dans le désert profond :
« Etends de ce côté la toile de la tente. »
Et l’on développa la muraille flottante ;
Et, quand on l’eut fixée avec des poids de plomb :
« Vous ne voyez plus rien ? » dit Tsilla, l’enfant blond,
La fille de ses Fils, douce comme l’aurore ;
Et Caïn répondit : « je vois cet oeil encore ! »
Jubal, père de ceux qui passent dans les bourgs
Soufflant dans des clairons et frappant des tambours,
Cria : « je saurai bien construire une barrière. »
Il fit un mur de bronze et mit Caïn derrière.
Et Caïn dit « Cet oeil me regarde toujours ! »
Hénoch dit : « Il faut faire une enceinte de tours
Si terrible, que rien ne puisse approcher d’elle.
Bâtissons une ville avec sa citadelle,
Bâtissons une ville, et nous la fermerons. »
Alors Tubalcaïn, père des forgerons,
Construisit une ville énorme et surhumaine.
Pendant qu’il travaillait, ses frères, dans la plaine,
Chassaient les fils d’Enos et les enfants de Seth ;
Et l’on crevait les yeux à quiconque passait ;
Et, le soir, on lançait des flèches aux étoiles.
Le granit remplaça la tente aux murs de toiles,
On lia chaque bloc avec des noeuds de fer,
Et la ville semblait une ville d’enfer ;
L’ombre des tours faisait la nuit dans les campagnes ;
Ils donnèrent aux murs l’épaisseur des montagnes ;
Sur la porte on grava : « Défense à Dieu d’entrer. »
Quand ils eurent fini de clore et de murer,
On mit l’aïeul au centre en une tour de pierre ;
Et lui restait lugubre et hagard. « Ô mon père !
L’oeil a-t-il disparu ? » dit en tremblant Tsilla.
Et Caïn répondit : » Non, il est toujours là. »
Alors il dit: « je veux habiter sous la terre
Comme dans son sépulcre un homme solitaire ;
Rien ne me verra plus, je ne verrai plus rien. »
On fit donc une fosse, et Caïn dit « C’est bien ! »
Puis il descendit seul sous cette voûte sombre.
Quand il se fut assis sur sa chaise dans l’ombre
Et qu’on eut sur son front fermé le souterrain,
L’oeil était dans la tombe et regardait Caïn.
Victor Hugo
Génie poétique ; illustration de la conscience de soi et des autres que possède tout être vivant ; dans cet exemple biblique c’est celle des hommes.
Ah, helas, le premier criminel fratricide. De l’humanite, qui ouvrit la voie à la haine et à l’egoïsme. Que dire de la victime ? Son sang ne crit il pas justice ! Mais qui lui rendra t’il…
Car selon vous, @Guénon, Dieu/Jéhovah ne serait accessible que par son nom? Rien d’autre de remarquable?
« en dépit de tous les droits débiles qui sont donnés avec un couteau sous la gorge » Allez dire cela a tous ces gens qui sans ces aides pourraient mourir de faim ou sombrer dans la délinquance, vous devez être un privilégié qui n’en a jamais eu besoin de ces aides et qui du haut de sa magnificence prend le parti des « déshérités »!
Il est agréable de retrouver le seul et unique nom de Dieu, Jéhovah, quand on pense que les hautes autorités chrétiennes on effacer ce nom merveilleux de leur bibles, ce qui à rendu Dieu inaccessible pour l’homme. Rassurez vous, Dieu va rétablir la vérité,, et son nom sera connu sur toute la terre habitée.
Oui l’oeil. Hugo va surement en avoir un dans sa tombe au vu des mauvaises décisions qu’il a prises sans se rendre compte de leur portées, hélas.
Voir aussi Caïn et Abel de Fernand Cormon au musée d’Orsay. Très belle illustration d’un Caïn échevelé, livide, pâle et muet.
A Bouklia toujours : « lorsque (Caïn) se fut enfui » est une autre subordonnée circonstancielle de temps. Elle est au passé antérieur, ce qui signifie que l’action est révolue et surtout aboutie = au moment où il a enfin réussi à s’enfuir… il arriva…
A Bouklia :
la principale est « l’homme sombre arriva ».
« comme le soir tombait » est une subordonnée circonstancielle de temps (comme=quand).
Ecoutez la version que Georges Chelon a mise en musique, c’est extraordinaire.
Quelle belle leçon de morale : tu ne tueras point ou bien tu assumeras Victor Hugo est un grand homme. J’espère que tout le monde a compris le message et y réfléchit.
Je ne suis pas un grand amateur de poésie mais là, il faut bien admettre qu’on touche au génie pur. La puissance des mots, le côté épique et les quatre derniers vers d’une puissance inouïe :
« Puis il descendit seul sous cette voûte sombre.
Quand il se fut assis sur sa chaise dans l’ombre
Et qu’on eut sur son front fermé le souterrain,
L’oeil était dans la tombe et regardait Caïn »
Aujourd’hui on les qualifierait de punchline ultime ! Merci à ma maman institutrice de m’avoir « incité » à apprendre ce poème quand j’étais plus jeune. Il reste aujourd’hui un de mes textes de référence !
J’ai appris ce poème au CM2 et on le récitait par cœur sans comprendre tout. Mais c’est en grandissant que j’ai compris le fond et la beauté de ce poème… J’ai enseigné pendant quelques années au collège et c’était mon poème préféré, et mes élèves l’adoraient aussi… « l’œil était dans la tombe et regardait Caïn » …c’est très fort comme message!
Il me semble que peu de monde en parle dans les coms, mais je trouve que la dernière strophe mérite tous les éloges du monde. A-t-on fait plus sensationnel que « L’œil était dans la tombe et regardait Caïn », sérieusement? Aucune ne me donne d’aussi puissants frissons que celle-ci, en tout cas. La structure comme le fond. L’équivalent filmique donnerait un des twists de fin les plus forts qui soient.
La conscience est un don de Dieu.
Je l’ai appris en terminale j’avais 16 ans en 1961. Nous apprenions par cœur… un beau poème à la morale très puissante. L’envoi est terrible « l œil était dans la tombe et regardait Caen ».
Chaque alexandrin comporte un mot, un adjectif qui nous plonge dans la sinistre situation de Cain et l’accentue au fil de la poésie. Livide, homme sombre, hors d’haleine, au debut, pour terminer par voute, sépulcre, souterrain et tombe. C’est magnifique et je la récite de façon théâtrale à tous mes enfants et petits enfants.
Le plus beau poème de Victor Hugo, écrivain inclassable et inégalé.
« après qu’il est tué son frère » ; non M Forestier ! il faut un auxiliaire avoir et pas être ; après qu’il eut
Quel beau poème !
J’apprécie
Carré ce petit poème
Quel beau poème !!
Super poème
On peut être conscient de tuer, d’éliminer par souci de faire Justice… le droit et le judiciaire ne viennent qu’après, et comme le disait Victor HUGO, cela ne fait rien…
« La Liberté est partie, je rentrerai quand la Liberté rentrera. » Victor HUGO, Républicain Juste et Vrai.
Occulter n’est-ce pas tuer ?
Un des maux qui maintient notre conscience éveillée est : La faim. Je m’empresse d’ajouter qui justifie les moyens, VICTOR HUGO, Notre Père, n’avait pas manqué de faire ce Grand Discours à l’Assemblée Législative concernant la Misère récurrente dans notre pays et notre beau Paris. Discours largement Républicain à l’époque, qui bouleverse encore aujourd’hui. A lire impérativement pour Savoir le Mal qui sévit encore aujourd’hui chez nous, en dépit de tous les droits débiles qui sont donnés avec un couteau sous la gorge, et un agrandissement de cette inconsciente volonté de domination vers les pays de l’Est et toujours un drôle de Tiers-Monde…
Tous ces commentaires – fort intéressants par ailleurs – réjouissent le prof de français que je suis. Quelle merveille! il y a encore des profs qui font étudier Victor Hugo et apprendre des poèmes ! Bravo. Et merci de plonger les enfants ou les ados dans notre passé littéraire, de les confronter à la beauté et à la force des mots, de leur apprendre à comprendre pourquoi et comment cela a été écrit, de les doter, par la force de l’analyse de texte, de la capacité de voir l’intention à travers les mots et de leur apprendre à replacer les choses (ici l’interprétation possible) dans un contexte qui est celui d’une époque et d’un engagement de l’auteur. Cela leur servira toute la vie et devrait leur permettre de placer le raisonnement avant la réaction épidermique qui prend une telle place dans les médias et dans nos vies. Ceci dit, lorsque Bernard Pivot avait une revue littéraire il avait fait faire une enquête: quels sont les plus grands auteurs au monde: en tète Cervantés, le suivaient (si mes ouvenirs sont bons) Tolstoï, Victor Hugo venait en 4e position. Pas si mal!
Le vrai nom de Dieu, « Jehovah », n’avait pas encore été effacé de la bible quand Victor Hugo a redigé ce poème.
Sauf que pour reprendreAdelya22 qui dit le 27 mars 2020 à 14:18:
‘N’oublions pas que Hugo en fut un des grands auteurs avec la grande tirade de Hernani dont la modernité saute à la conscience de tous aujourd’hui : « Bon appétit Messieurs ! Ô ministres intègres ! Serviteurs qui pillez la maison… »’
Il ne s’agit pas de Hernani mais de Ruy Blas !!!
Ce poème est un véritable thriller mais néanmoins un pur chef d’œuvre.
Victor Hugo dècrit magnifiquement la conscience que ressent Caïn d’avoir assassiné son frère. Mais nulle part. il ne fait la moindre allusion au remords qu’il devrait normalement éprouver ! N’est-ce pas contradictoire avec le sens du récit biblique ?
Victor Hugo a écrit un autre poème sur la conscience. La, c’est un fils qui tue son père pour régner à sa place. Après un règne heureux, Kanut meurt et se retrouve dans une plaine. Dans la neige, il se taille un suaire et se met en marche à la recherche de Dieu. Mais inlassablement, une goutte de sang tombe sur son suaire. N’osant se présenter devant le tribunal suprême, Kanut est condamné à errer dans les limbes jusqu’à la fin des temps.
Pour moi ce n’est pas l’œil de Dieu mais son regard sur lui même (ou son jugement de lui-même). Ce qui semblait être confirmé par le vase. Car l’œil au fond du vase est en fait le reflet de son propre œil.
C’est la fête de la conscience.
La rythmique hugolienne se passe bien d’un ajout d’un « pied ». Les poèmes à son époque n’étaient pas fait que pour être lus mais pour être dits. Et toutes les générations qui ont eu les volumes littéraires de Lagarde et Michard se devaient d’apprendre ce poème par chœur et d’y mettre un minimum d’expression théâtrale. N’oublions pas que Hugo en fut un des grands auteurs avec la grande tirade de Hernani dont la modernité saute à la conscience de tous aujourd’hui : « Bon appétit Messieurs ! Ô ministres intègres ! Serviteurs qui pillez la maison… » Ça ne vous rappellerait pas un peu quelque chose chers amis contemporains ?
Voici un texte tiré du récit d’un voyage fait il y a peu à travers l’Omo Valley, tout au sud de l’Ethiopie.
« Sans façon, nous fûmes invités à pénétrer dans un des abris familiaux et à partager le ‘café’. Aussitôt, dans la pénombre une jeune femme me tendit une moitié de calebasse, réceptacle de cette boisson usuelle, celle de l’accueil, de l’amitié. Après avoir posé mes lèvres au bord du récipient le plus naturel qui fût, je bus, une fois de plus, sans hésiter, en toute confiance. La photo prise alors allait me révéler, noire sur ocre, une autre jeune femme, au beau regard, qui semblait souhaiter me parler. Me revint alors en mémoire, modifié pour la circonstance, un célèbre alexandrin de La Légende des siècles de Victor Hugo: ‘Elle était dans l’attente et regardait le Blanc’. »
Au stade des ultimes vérifications, le tout premier vers de La conscience me fait problème, voici pourquoi. « Lorsque avec ses enfants vêtus de peaux de bête » n’est-il pas un vers à 13 pieds, que je préfère remplacé par « Lorsqu’avec ses enfants vêtus de peaux de bête… » Le génial Hugo a-t-il pu laisser passer cela? Il serait bon, me semble-t-il, de le vérifier grâce au poème original.
J’apprends actuellement cette poésie dans ma classe de 6ème. Nous avons trois semaines pour l’apprendre en version théâtre.
Ne manque t-il pas un verbe aux trois premiers vers ? « lorsqu’avec ses enfants vêtus de peaux de bêtes (…) Cain se fut enfui de devant Jhéova », et alors que se passe-t-il ? Il manque une proposition principale puisque VH passe ensuite à une autre idée qui est celle de décrire son itinéraire (arriver dans une montagne au soir etc…).
Comment expliquer ces tournures de phrases du point du vue de l’analyse grammaticale ?
MASSON ,n’est-ce- pas la parodie que vous cherchiez ?
« Chassé du Paradis et de la Terre Sainte
Caïn, le fils infâme, se croyant hors d’atteinte
Un soir d’été vola, chez sa soeur Hamoudja
Deux livres de pruneaux, que sur l’heure il mangea
A peine eût-il fini, que dans le ciel livide,
Il aperçut un oeil flamboyant dans le vide..
Et cet oeil flamboyant, semblait, au ravisseur
Demander: »Qu’as-tu fait des pruneaux de ta soeur? »
Alors Caîn sentit sur l’heure, en ses entrailles
Gronder un bruit pareil à celui des batailles
Il s’en alla chercher un endroit écarté
Où de rêver en paix, il eut la liberté
Enfin il s’arrêta dans le fond d’une grotte
Et retira, tremblant, un bouton de culotte
Mais l’oeil qui le suivait, cria, d’un air vengeur
« Caïn, tu garderas, les pruneaux de ta soeur »
Et le voleur chargé du fardeau de ses crimes
Pâle s’enfuit dans un chalet à 20 centimes
Là, croyant être seul sous ce toit protecteur
Il défit ses bretelles en disant « Oh bonheur ! »
Mais le chalet s’emplit de lueurs de phosphore
Et le dit flamboyé lui cria: » Pas encore ! »
Alors Caïn s’enfuit, tout tremblant, dans le noir
Oubliant de payer la dame du comptoir
Et voyant que partout, au milieu de cette ombre,
L’oeil était toujours là, le voleur, d’un air sombre,
Fit l’emplette d’un vase, au village voisin.
Et cachant sous son bras, ce meuble clandestin
S’en fut dans sa maison. Là, se sentant plus brave,
Lorsqu’il se fut caché tout au fond de sa cave,
Il s’assit sur le vase en s’écriant » ENFIN »
Mais pendant 2 longs jours, ce fut un effort vain
Puis il se retourna, furieux, par derrière,
Afin de contempler ce vase réfractaire,
Mais il pâlit d’horreur et frissonna soudain:
L’oeil était dans le vase, et regardait Caïn. »
Une version, il y en a surement d’autre
…
Lorsqu’il se fut caché tout au fond de sa cave,
Il s’assit sur le vase en s’écriant « ENFIN »
Mais pendant 2 longs jours, ce fut un effort vain
Puis il se retourna, furieux, par derrière,
Afin de contempler ce vase réfractaire,
Mais il pâlit d’horreur et frissonna soudain:
L’oeil était dans le vase, et regardait Caïn.
Je connais le texte recherché par Masson (l’œil de Caïn). C’est avec plaisir que je le lui adresserais, si toute fois il le recherche toujours.
Merci de mettre à la portée de tous un peu de culture.
Pour Violene.
Cain fuit le chatiment car dans sa conscience ou son inconscience il y a le remord de son crime d’avoir tué son frère Abel.
L’œil représente la conscience de Caïn après avoir tué son frère Abel. Notre conscience nous sert à juger du bien et du mal et le remords nous fait sentir par un sentiment culpabilisateur lorsque nous avons péché contre Dieu. Aussi Dieu nous jugera à la fin de notre vie pour déterminer si nous irons au Ciel ou en Enfer POUR LETERNITE donc mieux vaut vivre chrétiennement. Mieux vaut solliciter la miséricorde de Dieu puisque l’homme étant faible par nature il pêche bien plus qu’il ne commet d’actes salutaires. Le tout est d’être de bonne volonté, de vouloir se corriger de se défauts d’aimer Dieu et ne pas s’attacher à la Terre, d’être humble.
Victor Hugo est un hero
Vous avez bel et bien expliqué tout le contenu. Bon travail!
Je ne comprends pas ce que fuit CAIN
bjr a tous,
Beaucoup de choses à dire!
Je pense que Mr Forestier est dans le vrai.
je recommande également la lecture du très savant et méconnu Pierre Lacour: « Aelohim et les dieux de Moïse » un pavé de 750 pages traitant des 5 premiers chapitres de la Genèse et de la Tour de Babel.
(en pdf sur: https://archive.org/)
Pour Mr Faye Daniel: Je ne connait point le sens de l’humour de Mr Hugo, mais vous pourrez en toucher un mot à: Eric Chams spécialiste de Victor Hugo.
En fait, il y a plusieurs moyens de comprendre ce choix d’une chaise:
1-le symbolisme: http://ktche.ouvaton.org/spip/article.php3?id_article=827
et qui peut correspondre à une époque d’avancées techniques, de responsabilités et de hiérarchie sociale.
2-Hugo fit un passage vers 1843 en Charente. il y a dans cette région des grottes (tombeau de Caïn) du nom de Grottes de la Chaise et Grottes de la Tour (on mit Caïn au milieu d’une tour). Etonnante coïncidence non? VH eut-il souvenir de ces grottes qui ne furent fouillées qu’à partir de 1850? cad un peu avant la « Légende des siècles »?
Pour la faute de Français, ça paraît un peu petit quand même!
Ayez la politesse de respecter les recherches des autres sans ergoter sur ce genre de détail insignifiant. Vous même, qu’apportez-vous au débat?
Girondao: même remarque: il y a des fautes et c’est seulement cela qui vous préoccupe?
Hermann: bien vu! voyez l’ouvrage cité plus haut.
Masson: Parodie? je ne sais pas mais voyez: « Jéhovah » de l’ancienne reine de Roumanie « Carmen Sylva » poésie d’une quarantaine d pages hautement initiatique.
Medjdoub: l’humanité est nécessairement « injuste » pour un monothéiste, l’univers dont elle émane étant foncièrement dualiste. oui, nous sommes assemblés avec un ensemble de possibilités de bien et de mal mais avec les ressources nécessaires pour faire triompher le bien.
C’est la propagande occultiste et ses financiers qui font en sorte d’incliner les hommes vers le mal. (voir le commentaire de Paulo.)
Merci à tous (y compris à Daniel) Dorénavant, je réviserais mon Français (voir commentaire de Même)
cybermax
Dommage Franot, dommage, mais il va vous falloir revoir quelque peu votre copie, car si ce n’est pas comme la nôtre, les animaux on et bel et bien une conscience, sinon comment seraient-ils quelquefois capables d’empathie ? Et même plus souvent qu’on ne le croit généralement (lionne défendant une jeune antilope, élan défendant un congénère blessé contre une meute de loups…). Il faut souvent un peu de chance, mais on a quelqufois la chance de tomber sur de tels exemples 😉
Fercilu… dommage pour vous. Je pense que vous êtes en prison au moins pour vol et assassinat. La conscience nous différencie des animaux. Si vous tombez sur un djihadiste, vous regretterez qu’il n’en n’ait pas.
Je l’ai appris par cœur au CM 1 en 1958. Mr Jean Claude Galteaud qui vit actuellement à Jarnac le confirmera. Il était notre brillant Instituteur à Aoufous au Maroc. J’en profite pour lui souhaiter un prompt rétablissement. « O souvenirs de mon enfance, quelle impression vous m’avez laissée » (A. Daudet)
Victor Hugo ne commente pas ici la Bible (Genèse) : il prend même quelque liberté en l’extrapolant pour montrer l’apparition de la conscience humaine. Le premier commentaire est assez judicieux en dehors de quelques fautes de français. Par contre certains autres commentaires témoignent que l’apparition de la conscience est plus que lente. Le pire reste clairement de se mentir à soi-même… En conclusion, Dieu ne nous juge pas : nous nous jugeons nous-même à travers notre conscience.
Je suis persuadé qu’il y a de très nombreuses références à la religion chrétienne, maintenant il faut réussir a trouver l’implicite de certaines expressions. Ce qui n’est, parfois, pas de la plus grande facilité. C’est donc pourquoi, je vous prie, de s’il vous plaît, de mettre en commentaire les références à la Bible/Genèse. Merci !
Ce poème est un très bonne exercice de concentration, mémorisation mais j’ai appris ce texte de Victor Hugo en 6ème. Je conseille ce texte à ceux de 4ème.
« crevent les yeux » me fait penser à Oedipe, l’image du Pere etc…
Aux 10 Commandements j’ai désobéi sans aucun remords. Et je ne changerai en rien jusqu’à ma mort. La conscience n’existe pas. J’en jurerai sur mon trépas.
La « dette symbolique » (Levi-Strauss) est imparable: même sans référer à la divinité l’être humain en tant qu’être de la parole (partagée donc avec l’Autre) y est forcément assujetti, qu’il le veuille ou non. « Maudit » = mal dit. La malédiction frappe ceux qui maltraitent les autres-de-la-parole. Elle fait retour dans leur propre auto-jugement: leur conscience propre qui implacablement les regarde.
« L’oeil est dans la tombe et regardait Cain ». Notre conscience morale, deuxième vicaire du Christ sur cette terre selon J. H. Newman, juge nos actes où que nous soyons. Le meurtre de Cain ne restera pas impuni, et – c’est toute la leçon du poète – Cain le sait. C’était avant la mort de Dieu. Nous savons désormais que, dans un monde sans Dieu, un crime sans témoin reste impuni. L’oeil est une illusion. ; Cain se tourmente pour rien.
Très beau poème, et très révélateur de la nature humaine
Je remplacerai peinture par fresque ou un film qui se déroule devant nous, où l’histoire de l’humanité défile imperturbable, cette humanité profondément injuste, à la recherche permanente d’un équilibre,où le fort écrase le faible.
La conscience n’est qu’un mot à l’usage des lâches, inventé tout d’abord pour tenir les forts en respect !
« L’oeil était dans la tombe et regardait Cain » On sent l’âme dans la phrase c’est tellement poétique, de plus Victor Hugo qualifie « la fosse » comme la tombe de Cain, ce qui nous fait imaginer la fosse dans laquelle il dût descendre pour ne plus voir l’oeil qui finalement le suivi jusqu’à sa mort. Un poème très vivant malgré le vocabulaire du passé un 20/20.
Ce texte est parfait pour faire travailler la mémoire
Depuis plusieurs années, je suis à la recherche d’une parodie de ce poème. Elle nous amusait beaucoup à l’époque (il y a plus de 60 ans!). Je ne me souviens plus que du dernier vers:
L’oeil était dans le pot et regardait Caïn!
Si quelqu’un connait ce texte…
Merci d’avance
Bonne analyse de Joseph Forestier.
il suffit de remplacer peu de mots pour actualiser ce texte, Cain étant le patronyme générique de tous les réfugiés:
« Lorsque avec ses enfants vêtus de peaux de bêtes,
Echevelé, livide au milieu des tempêtes,
Caïn se fut enfui de devant les mollah,
Comme le soir tombait, l’homme sombre arriva
Au bas d’une falaise en une morne plaine ;……. (falaise de Douvres)
…….(description de l’errance)
daesh était dans la jungle et menaçait Caïn. » (jungle de Calais)
joseph forestier a dit :
Après » les 6 parties du texte, »
après » – du vers 60 à 68 : décision de la tombe « ,
après » Nous pouvons remarquer « , paragraphe 4 lignes,
suite » Un bref relever des adjectifs « ,
infinitif vu que Caïn reste debout nonobstant l’oeil !
Je ne vois ici (ni dans la Genèse) la présence d’aucun remords : Caïn veut fuir selon moi l’oeil de Dieu qui inlassablement tente d’éveiller sa conscience, en vain.
Assis sur sa chaise ? quel farceur, ce père Hugo ! Il aurait pu mettre n’importe quelle formule de trois syllabes, mais il a préféré garder cette chaise inattendue. Pour nous faire rire ? Sans doute.
D’autre part, je signale à M. Joseph Forestier que » après qu’il est tué son frère » est tout à fait bizarre, à la place
de » après qu’il ait tué son frère » où le subjonctif est fautif et devrait être remplacé par » après qu’il eut tué son frère «
Je vous conseille à tous,visiteurs du futur,de lire le 1er com’ qui est très constructif.
Très beau poème, Victo rHugo nous fait comprendre qu’on ne peut pas oublier ce qu’on a fait de vraiment mal.
extraordinario, e sempre actual, como acontece com os grandes pensadores, como fugir da sua propria « CONSCIENCIA »?
Extrait du recueil de Victor Hugo, « La légende des siècles » (1859 – 1877) cette partie s’intitule « La conscience ».
A travers ce poème, V. Hugo nous fait comprendre que l’Homme ne peut se libérer de ses remords en fuyant. La conscience humaine apparaît donc comme une image obsédante, telle cet œil qui ne cesse de regarder Caïn comme s’il le jugeait.
Mais que nous donne donc à comprendre Victor Hugo à travers son texte?
– Cette poésie en alexandrins et rimes suivies aborde un thème biblique: Caïn et Abel, les deux fils d’Adam et Eve. Ce contexte nous fait donc remonter à à l’ère des premiers hommes, juste après le péché originel.
Le texte développe ici une partie de l’histoire qui ne nous est pas transmise par la Bible; à savoir la fuite incessante de Caïn, après qu’il est tué son frère, pour tenter vainement d’échapper à Dieu et à sa conscience.
– Tout d’abord nous pouvons, afin de mieux étudier l’œuvre, définir la progression du récit.
Celui peut s’organiser en en six grandes parties et une coute introduction pour localiser et expliquer l’action.
Celle-ci débuterait au vers 1 et s’achèverait au vers 7.
Les six parties restantes correspondraient:
– du vers 1 à 14 : première apparition de « l’œil »
– du vers 15 à 23 : fuite éperdue
– du vers 24 à 34 : première tentative pour cacher l’œil
– du vers 35 à 39 : construction du mur
– du vers 40 à 60 : construction de la forteresse
– du vers 60 à 68 : décision de la tombe et chute.
Nous pouvons remarquer que les cinq dernières parties s’achèvent toutes par la réapparition de l’œil, ce qui donne un rythme au poème tout en lui conférant un aspect tragique et un peu terrifiant; mais surtout d’insister sur l’omni présence de la conscience à qui nul ne peux prétendre échapper.
Un bref relever des adjectifs qualifiants Caïn nous interpelle: ce n’est que « échevelé », « livide », « sombre », « muet », « pâle », « frémissant », « furtif »… qui mettent ainsi en évidence l’état d’agitation et de crainte où se retrouve plongé le héros principal.
Cette crainte se manifeste par sa fuite insensée, puisque suivant la phrase même de la Bible, Caïn est maudit par Dieu et contraint d’être « errant et fugitif sur la terre. » (La genèse, chap.4 verset 12). Le texte insiste par ailleurs sur cela. Effectivement un grand nombre de verbes dont le héros est le sujet se rapportent au lexique du voyage pour confirmer les dires de la Bible : « enfui », « arriva », « allait », atteignit »…
Ainsi Caïn nous est présenté comme un personnage terrifié et cherchant à fuir la cause de cette frayeur.
L’antithèse « regardaient trembler l’aïeul farouche » (vers 26) renforce cette idée de peur poussée à l’extrême.
– Un autre élément important est l’énumération d’objets concrets comme «les tentes de poil» en référence au nomadisme des premiers temps, «les clairons, les tambours» évoquant les guerres, «une enceinte de tours» allusion au château, met en place une peinture de la longue histoire de l’humanité, comme pour nous rappeler que cette fuite de la conscience et l’impossibilité de la réaliser reste une notion contemporaine qui a affecté aussi les générations passées.
Ce procédé mettant en place une évolution certaine et reconnaissable donne au texte de Victor Hugo une portée plus large puisqu’il confère à l’œuvre un caractère universel et intemporel.
– On peut, enfin, remarquer d’étape en étape, le renforcement des moyens de défense «la barrière» (v38), «une enceinte de tours» (v41) en passant par les différents âges (bronze, pierre) et le développement de l’agressivité «on crevait les yeux», «on lançait des flèches aux étoiles».
Cette gradation qui s’opère au fil du texte nous met en scène l’évolution des personnes qui cherchent à fuir Dieu et leur conscience: Caïn s’entoure de protections contre lui-même pour éviter de porter ce poids de la culpabilité. Mais cela ne fait qu’accentuer son malaise car, au lieu d’essayer de reconnaître sa faute et de l’expier, il s’enferre dans le refus de voir son péché en face, à son propre détriment.
Il va même jusqu’à créer une ville pour se dérober à sa conscience, ville où l’individualisme s’installe «Défense à Dieu d’entrer»: la société n’est plus accueillante mais les remords sont toujours là.
Caïn s’isole et en perd sa liberté.
L’œil symbolise le poids de la culpabilité, et la tombe traduit cette impossibilité d’y échapper.
– Par conséquent l’œuvre de Victor Hugo n’est pas neutre. Elle a une porté précise ; celle de nous mettre en garde. En effet l’histoire symbolise l’éveil du sens moral, mais surtout la fuite face à sa culpabilité.
L’auteur cherche donc, non seulement à nous avertir de cette erreur qui mène à la tombe, mais aussi à dénoncer les attitudes semblables qui, pour lui, sont des travers qui touchent tous les hommes à travers les âges.