Ô passé des chants doux ! ô l’autrefois des fleurs !…
Je chante ici le chant des anciennes douleurs.
Je le chante, sans pleurs et sans haine à voix basse,
Comme on se bercerait d’une musique lasse…
Profond, irrépressible, autant que le soupir,
S’échappe de mon cœur le mauvais souvenir…
Je vois s’abandonner mon âme lente et lasse
Au charme des bruits doux, de la lumière basse.
Que vont envelopper les anciennes douleurs ?…
Ô l’autrefois des chants ! ô le passé des fleurs !
Renée Vivien, Dans un coin de violettes, 1910