Et voici que mon cœur s’épanouit et rit…
Moi qui longtemps souffris, me voici consolée
Par ce noir violet d’une nuit étoilée,
Moi qui ne savais point que la lune guérit !
Moi qui ne savais point que la lune console
De tout le chagrin lourd, de toute la rancœur !
Sa consolation illumine le cœur
D’un rayon éloquent autant qu’une parole.
Et d’un rayon furtif comme un furtif bienfait
Elle se glisse au fond torturé de mon âme,
Elle se glisse avec une douceur de femme.
Et c’est insinuant comme un obscur bienfait.
Comme un obscur bienfait s’insinue, elle glisse…
Tout le ciel émergeant de l’ombre est radieux.
Éternellement chère à mon cœur, à mes yeux,
Sois louée à jamais, Lune consolatrice !
Renée Vivien, Dans un coin de violettes, 1910