Mystérieux, amer et terrible, ô mon cœur,
Éloigne enfin de toi la haine et la rancœur !
Sache combien est grand ce bienfait qu’on te donne
De pouvoir pardonner, ô mon cœur ! et pardonne !
Ne garde plus l’amer souvenir des joies dues !
Et qu’il soit comme un mot effacé sur les nues !
Sois léger et sois doux comme l’ombre d’une aile,
Ô mauvais cœur, tenace et méchant et fidèle !
Ô mon cœur ! exhalant, dans un vaste soupir,
Le pardon retenu, sache enfin t’attendrir !…
Renée Vivien, Dans un coin de violettes, 1910