Amour, toi, le larron éternel, qui dérobes
Les lourds trésors des cœurs et le secret des robes !
Tu te glisses et te dissimules la nuit,
Et ton pas est le pas du traître qui s’enfuit…
Ton pas est plus léger que le doux pas du Songe !
Et l’on n’entend jamais ce bruit sournois qui ronge.
N’as-tu point d’amitié ? N’as-tu point de raison ?
Voici que s’insinue en mon cœur ton poison.
Épargne-moi ! Vois mon visage et mon front blême…
Mon ennemi, l’Amour, je te hais et je t’aime.
Renée Vivien, Dans un coin de violettes, 1910