Dictes-moy où, n’en quel pays,
Est Flora, la belle Romaine ;
Archipiada, ne Thaïs,
Qui fut sa cousine germaine ;
Echo, parlant quand bruyt on maine
Dessus rivière ou sus estan,
Qui beauté eut trop plus qu’humaine ?
Mais où sont les neiges d’antan !
Où est la très sage Heloïs,
Pour qui fut chastré et puis moyne
Pierre Esbaillart à Sainct-Denys ?
Pour son amour eut cest essoyne.
Semblablement, où est la royne
Qui commanda que Buridan
Fust jetté en ung sac en Seine ?
Mais où sont les neiges d’antan !
La royne Blanche comme ung lys,
Qui chantoit à voix de sereine ;
Berthe au grand pied, Bietris, Allys ;
Harembourges, qui tint le Mayne,
Et Jehanne, la bonne Lorraine,
Qu’Anglois bruslèrent à Rouen ;
Où sont-ilz, Vierge souveraine ?…
Mais où sont les neiges d’antan !
ENVOI
Prince, n’enquerez de sepmaine
Où elles sont, ne de cest an,
Qu’à ce refrain ne vous remaine :
Mais où sont les neiges d’antan !
François Villon, 1458-9
Poème appris par cœur grace à Georges Brassens. Chanson chantée de nombreuses fois à mes enfants le soir pour les endormir tant elle est douce et qu’elle vous transporte des siècles en arrière. Un bel hommage aux femmes qui ont fait l’histoire de France.
Moi aussi j’ai 80 et moi aussi je reste marqué par ce magnifique poème appris en 5ème. Souvent je le récite à mes petits enfants adolescents qui n’en reviennent pas mais l’écoutent chaque fois avec attention. Merci François Villon de l’avoir écrit, merci Georges Brassens de l’avoir mis en musique.
Éternel ! Comme Villon et comme Brassens !
La plupart des commentaires semblent venir de Papy Boomers qui ont eu comme moi la chance de l’apprendre en 5ème et de l’entendre chanté par Brassens. Le rythme en est parfait, les références sont un peu plus difficiles à trouver, mais quel bonheur de se chanter dans la tête ce poème en marchant.
J’ai découvert ce poème il y a moultes années grâce à Georges. Et redécouvert suite à une polémique qui portait sur le sens de Neige. Et heureux d’apprendre que j’avais raison grâce à vous !
Chère Victoria, Dans la tradition d’Ovid, le poète regrette que les choses ne sont plus comme elles étaient auparavant. Il y a mention especiale de Jean-Baptiste Buridan pour sa cruaté supposée aux animaux (l’ane de Buridan) bien que l’incident raconté tourne autour de l’infatuation de Buridan pour Jeanne de Navarre.
Bonjour, je suis à l’école et j’ai une analyse à faire sur le poème de Villon « Ballades des Dames du temps jadis ». Je suis en duo et nous ne comprenons pas le sens du poème. Si quelqu’un aurait l’amabilité de bien vouloir nous faire un petit résumé ça serait avec grand plaisir.
Nous vous remercions d’avance.
Très beau poème. Je me souviens de l’auteur quand je faisais mon deuxième année à l’université nationale du Rwanda.
Je suis Anglais de soixante dix ans et cette poeme me fait penser avec une douce melancolie du premiere fois que j’ai lis Catch 22 où elle est reference avec les mots « où sont les Neigedens d’antan » après la morte de Snowden. Elle est très, très belle comme poème.
J‘aime beaucoup le commentaire de Mario Alessi. Il me semble qu‘il traduit parfaitement les sentiments et pensées que nous éprouvons en lisant la ballade de Villon!
Super poème, François villon restera mon idole
Je me réveille ce matin 17 mai 2022 avec l’intégralité de ce poème dans la tête. Je n’ai pas écouté la version chantée de G. Brassens depuis mon enfance. J’ai 78 ans…
Dans mon rêve, la nuit dernière, j’ai chanté ce poème de François Villon, bien que je ne connusses que partiellement les paroles. Aussi ai-je voulu retrouver l’intégralité du texte que j’ai relu avec passion et re-chanté avec Brassens.
Mais pourquoi « Dames du temps jadis » et « Neiges d’antan » ? une hypothèse voudrait qu’au temps de Villon, il y ait eu un hiver à Paris une exposition à succès de sculptures sur glace (ou plutôt de neige tassée et glacée) représentant les principales gloires féminines du passé, ces fameuses « Dames du temps jadis »… et qui auraient fondu dès le réchauffement printanier. Si non e vero…
Je suis Italien et j’ai étudié ce poème à 15 ans, grâce à ma prof de français du lycée. Quelques années plus tard j’ai rencontré Brassens et son interprétation. Ce ne sont pas mes racines, et ce poème ne réveille pas chez moi des sentiments d’orgueil identitaire ou de fierté nationale. Mais sa beauté indémodable, la douceur de sa musique et la mélancolie des images qu’il évoque n’ont pas de frontières. La patrie du poète, comme le disait Baudelaire, est l’ailleurs : ce sont « les nuages… les nuages qui passent… là-bas… les merveilleux nuages ! » — ou bien sûr ces « neiges d’antan » auxquelles on ne touchera plus mais qui restent intactes quelques parts.
Sur RCF Tours je vais lire ce poème mardi 8 mars pour commenter ce poète aussi et parler de son œuvre. Cette Radio m’a demandé il y’a un An de reprendre un trois minute poétique abandonné. J’ai relevé le propos.
RCF Tours les mots Basculés pour les podcasts en ligne. J’espère apporter des encouragements à relire.
Très beau poème… j’ai 81 ans et, grâce à Brassens, je le connais par cœur depuis des lustres…! Je surprend parfois mes amis avec ce très beau texte et cette musique qui porte si bien ces paroles…
Merci à Brassens qui m’a fait connaître François Villon dont je recommande « Les oeuvres complètes » à La Pléiade. . .
Merci monsieur Francois Villon… Près de 600 ans ont passé…mais vous n’avez pas pris une ride !
Que du vieux « François » et pourtant encore très compréhensible de nos jours. Comme quoi c’est bien la langue qui « fait » un pays.
Dans « La chevelure » (1884) Maupassant cite quelques vers du poème. Bonne raison de rechercher le texte intégral. Merci!
Merci d’avoir respecté le point d’exclamation après neiges d’antan !
Mais où sont les hommes d’antan ?
Peut mieux faire.
Poème dur à comprendre…
Pas ouf
Merci monsieur Villon et Brassens. Ce poème me reporte à mes années d’études il y a 60 ans.
Beau poème d’un grand poète médiéval chanté par un grand poète du XX siecle.
Nos racines…
Merci Brassens pour la culture que tu as apporté au commun des mortels que je suis, par la richesse du langage contenu dans tes chansons en général, et celle-ci en particulier.
je connais ce poème par coeur, grâce à ce cher Brassens. Quel plaisir de relire ou de chanter ces mots doux comme des caresses même s’ils étreignent bien souvent la souffrance et la mort.
C’est un poème des vieux jours, lorsque le monde qui fut le nôtre s’en est allé pour la majorité…
J’ai 91ans et je chante encore. Merci de m’avoir permis de retrouver l’integralite de ce très beau poème.
François Villon, un poète unique en son genre. Ce poème m’inspire des émotions difficiles à décrire.
Poème dur avec des mots bizarres
Pourquoi ce magnifique poème appris « par cœur » il y a plus de 60 ans m’est revenu en mémoire dans son intégralité? Bonheur.
Très beau, en particulier chanté par George Brassenss !
Splendide…
Superbe…!