A ce propos, en vieil françois.
Mais où sont ly sainctz apostoles,
D’aulbes vestuz, d’amys coeffez,
Qui sont ceincts de sainctes estoles,
Dont par le col prent ly mauffez,
De maltalent tout eschauffez ?
Aussi bien meurt filz que servans ;
De ceste vie sont bouffez :
Autant en emporte ly vens.
Voire, où sont de Constantinobles
L’emperier aux poings dorez,
Ou de France ly roy tresnobles,
Sur tous autres roys decorez,
Qui, pour ly grand Dieux adorez,
Bastist eglises et convens ?
S’en son temps il fut honorez,
Autant en emporte ly vens.
Où sont de Vienne et de Grenobles
Ly Daulphin, ly preux, ly senez ?
Où, de Dijon, Sallins et Dolles,
Ly sires et ly filz aisnez ?
Où autant de leurs gens privez,
Heraulx, trompettes, poursuyvans ?
Ont-ilz bien bouté soubz le nez ?…
Autant en emporte ly vens.
ENVOI
Princes à mort sont destinez,
Et tous autres qui sont vivans ;
S’ils en sont coursez ou tennez,
Autant en emporte ly vens.
François Villon, 1461