Tu n’es pas la plus amoureuse
De celles qui m’ont pris ma chair ;
Tu n’es pas la plus savoureuse
De mes femmes de l’autre hiver.
Mais je t’adore tout de même !
D’ailleurs ton corps doux et bénin
A tout, dans son calme suprême,
De si grassement féminin,
De si voluptueux sans phrase,
Depuis les pieds longtemps baisés
Jusqu’à ces yeux clairs pur d’extase,
Mais que bien et mieux apaisés !
Depuis les jambes et les cuisses
Jeunettes sous la jeune peau,
A travers ton odeur d’éclisses
Et d’écrevisses fraîches, beau,
Mignon, discret, doux, petit Chose
A peine ombré d’un or fluet,
T’ouvrant en une apothéose
A mon désir rauque et muet,
Jusqu’aux jolis tétins d’infante,
De miss à peine en puberté,
Jusqu’à ta gorge triomphante
Dans sa gracile venusté,
Jusqu’à ces épaules luisantes,
Jusqu’à la bouche, jusqu’au front
Naïfs aux mines innocentes
Qu’au fond les faits démentiront,
Jusqu’aux cheveux courts bouclés comme
Les cheveux d’un joli garçon,
Mais dont le flot nous charme, en somme,
Parmi leur apprêt sans façon,
En passant par la lente échine
Dodue à plaisir, jusques au
Cul somptueux, blancheur divine,
Rondeurs dignes de ton ciseau,
Mol Canova ! jusques aux cuisses
Qu’il sied de saluer encor,
Jusqu’aux mollets, fermes délices,
Jusqu’aux talons de rose et d’or !
Nos nœuds furent incoërcibles ?
Non, mais eurent leur attrait leur.
Nos feux se trouvèrent terribles ?
Non, mais donnèrent leur chaleur.
Quant au Point, Froide ? Non pas, Fraîche.
Je dis que notre « sérieux »
Fut surtout, et je m’en pourlèche,
Une masturbation mieux,
Bien qu’aussi bien les prévenances
Sussent te préparer sans plus,
Comme l’on dit, d’inconvenances,
Pensionnaire qui me plus.
Et je te garde entre mes femmes
Du regret non sans quelque espoir
De quand peut-être nous aimâmes
Et de sans doute nous ravoir.
Paul Verlaine, Femmes, 1890
Je dois être en accord avec Pierrot et en désaccord avec Tara’tylannem duncan.
La musique du vers y trop crue pour être chantée… par exemple: «incoërcibles», «masturbation»… (deux termes parents mais au registre incompatible).
À mon avis, nous ne sommes pas dans le meilleur de Verlaine.
Mais il était marié non? Et après avec Rimbaud cette femme est-t-elle la sienne ?
Il avait de drôles de relations avec ses femmes.
Est-ce réellement d’une jeune femme pubère dont parle ce poème? Ne serait-ce pas plutôt d’un homme? Ou même des deux?
Est-ce que je suis la seule à penser qu’il parle d’un homme dans son poème ?
Il m’arrive d’écrire en Verlaine je le comprends
Tous les poèmes de Paul Verlaine sont super bien.
Il avait de drôles de façons de décrire une femme. C’est joliment bien fait ; on imagine la femme tant la description est belle.
Un homme qui parle aussi bien des femmes alors qu’il aimait les hommes…
Sentimental
Bien écrit j’aime bien comment il parle de la Femme, comment il décrit les formes qui lui donnent envie. J’aime juste.
Un goût prononcé pour des femmes qui n’en Sont pas. Des jeunes filles, tout juste pubères… aujourd’hui, cela ne serait-il pas vu comme une ligne rouge franchie ?
Cela pose tout de même une question morale car autrefois on parlait de l’amour unique. Qu’en est il de cher Verlaine que je nomme bienheureux?
C’est un très beau poème mais un peut long… Ehh pierrot essaie de faire mieux avant de mal juger
Faux, mon petit pierrot. c’est justement dans des poèmes comme cela que je le préfère. Pas besoin de sortir des jolies mots, avec de jolies tournures, pour qu’en somme le poème soit jolie. C’est évidement le sens qui fait « pratiquement » tout le poème à chaque fois. D’ailleurs, c’est la que l’on reconnait un vrai poète, il arrive à nous faire tressaillir avec des petits mots. Mais non, le poème est magnifique !
Ça m’a l’air d’être une chanson plus qu’une poésie !
Pas très bien écrit je trouve pour un auteur aussi grand.
Il avait de drôles de relations avec ses femmes.