Chute des reins, chute du rêve enfantin d’être sage,
Fesses, trône adoré de l’impudeur,
Fesses, dont la blancheur divinise encor la rondeur,
Triomphe de la chair mieux que celui par le visage !
Seins, double mont d’azur et de lait aux deux cîmes brunes,
Commandant quel vallon, quel bois sacré !
Seins, dont les bouts charmants sont un fruit vivant, savouré
Par la langue et la bouche ivres de ces bonnes fortunes !
Fesses, et leur ravin mignard d’ombre rose un peu sombre
Où rôde le désir devenu fou,
Chers oreillers, coussin au pli profond pour la face ou
Le sexe, et frais repos des mains après ces tours sans nombres !
Seins, fins régals aussi des mains qu’ils gorgent de délices,
Seins lourds, puissants, un brin fiers et moqueurs,
Dandinés, balancés, et, se sentant forts et vainqueurs,
Vers nos prosternements comme regardant en coulisse !
Fesses, les grandes sœurs des seins vraiment, mais plus nature,
Plus bonhomme, sourieuses aussi,
Mais sans malices trop et qui s’abstiennent du souci
De dominer, étant belles pour toute dictature !
Mais quoi ? Vous quatre, bons tyrans, despotes doux et justes,
Vous impériales et vous princiers,
Qui courbez le vulgaire et sacrez vos initiés,
Gloire et louange à vous, Seins très saints, Fesses très augustes !
Paul Verlaine, Femmes, 1890