Croise tes cuisses sur ma tête
De façon à ce que ma langue,
Taisant toute sotte harangue,
Ne puisse plus que faire fête
À ton con ainsi qu’à ton cu
Dont je suis l’à-jamais vaincu
Comme de tout ton corps, du reste,
Et de ton âme mal céleste,
Et de ton esprit carnassier
Qui dévore en moi l’idéal
Et m’a fait le plus putassier
Du plus pur, du plus lilial
Que j’étais avant ta rencontre
Depuis des ans et puis des ans.
Là, dispose-toi bien et montre
Par quelques gestes complaisants
Qu’au fond t’aimes ton vieux bonhomme
Ou du moins le souffre faisant
Minette (avec boule de gomme)
Et feuille de rose, tout comme
Un plus jeune mieux séduisant
Sans doute mais moins bath en somme
Quant à la science et au faire.
Ô ton con ! qu’il sent bon ! J’y fouille
Tant de la gueule que du blaire
Et j’y fais le diable et j’y flaire
Et j’y farfouille et j’y bafouille
Et j’y renifle et oh ! j’y bave
Dans ton con à l’odeur cochonne
Que surplombe une motte flave
Et qu’un duvet roux environne
Qui mène au trou miraculeux
Où je farfouille, où je bafouille
Où je renifle et où je bave
Avec le soin méticuleux
Et l’âpre ferveur d’un esclave
Affranchi de tout préjugé.
La raie adorable que j’ai
Léchée amoroso depuis
Les reins en passant par le puits
Où je m’attarde en un long stage
Pour les dévotions d’usage,
Me conduit tout droit à la fente
Triomphante de mon infante.
Là, je dis un salamalec
Absolument ésotérique
Au clitoris rien moins que sec,
Si bien que ma tête d’en bas
Qu’exaspèrent tous ces ébats
S’épanche en blanche rhétorique,
Mais s’apaise dès ces prémisses.
Et je m’endors entre tes cuisses
Qu’à travers tout cet émoi tendre
La fatigue t’a fait détendre.
Paul Verlaine, Femmes, 1890
Belle surprise de trouver,
Chez cet auteur tant approuvé,
Un tel hommage à l’autre sexe,
Livré sans le moindre complexe.
Le verbe est simple et engageant,
Exprime bien ce qu’on ressent,
Quand on offre tout en nuances
Ce plaisir qui comble les sens.
La rime se croise ou s’embrasse,
Pèle-mêle, tout a sa place.
Au nom, je crois, de tous les mâles :
Merci Monsieur, pour ces Régals.
Très joli
Diantre, quel poème affranchi de pudeur et de timidité, il touchera certaines âmes charnelles et sensorielles, déclenchera les fantasmes chez d’autres et restera un écrit outrancier pour le reste de la Populace.
Cette sexualité est somme toute réelle et ne laisse pas de marbre. Ça me rappelle quelques souvenirs carnaciers bien placés avec des dents aiguisées de mon prince déluré et audacieux, le V de son prénom, est devenu une lettre hautement symbolique pour moi, je lui adresserais bien aujourd’hui la missive suivante :
« Mon chéri Amant V, vous découvrir homme timide et vorace, découvrant mes terres riches et fécondes, je garde en ma vulve le parfum de votre voyage éhonté. »
Une splendeur, ode au charmes du charnu féminin… De l’amour en dévotion… un merveilleux poème…
Joliemadame s’exprime d’une manière si belle!
Anna Banana, je suis désolée pour toi si tu ne sais pas ce qu’est le clitoris… C’est le seul organe humain destiné uniquement au plaisir et il est FEMININ. C’est ce qui te permet d’avoir des orgasmes. Il se stimule par voie interne ou externe 😉
Un poème est fait pour exprimer ses émotions, alors je suppose que ce n’est pas choquant.
Joliemadame est magnifique dans ses propos. Quand l’âme poétise le corps, le coeur est radieux. Ce texte de Verlaine est splendide.
Si, moi je la comprends cette poésie dans le sexe. Je suis une de ces femmes qui estime que l’amour doit rassembler le sexe, la poésie, la passion et la tendresse, car tout est complément d’une relation épanouie. Le sexe est l’utilisation parfaite des sens dont la nature nous a pourvus. La vue permet de contempler l’être aimé dans son attente des plaisirs et son désir, l’ouïe permet d’écouter sa voix, ses murmures aux tonalités stimulantes et douces, le toucher de savourer la douceur des courbes, puis respirer les essences mêmes de la peau et les goûter. Tout est plaisir, désir, et la communion des corps vient s’ajouter à la communion des esprits. Mais tout ceci n’est que la somme de mes ressentis…
Choquée, deçue…
Amazing
Quelle belle poésie. c’est quoi le clitoris? Je ne comprends pas…
Et où sont les hommes capables de les dire?
Verlaine sait le dire avec des mots choisis, irremplaçable pour faire sauter bien des tabous à celles qui considèrent qu’il n’y a pas de poésie dans le sexe. Mais où sont les femmes capables d’entendre cela ?