« Ô toi neige, tombe
tombe abondamment
tombe…
Rendras-tu ainsi moins sombre l’habit de notre esclavage »
Issa Hassan Al-Yasiri
autrefois
il était facile de reconnaître les envahisseurs
à leurs casquettes couleur de terre
leurs vêtements, de même
autrefois
nous savions qui suivre il suffisait
ayant réglé la haute pendule
d’écouter le Journal à treize heures très précises
nous reconnaissions nos chefs, nos Rois,
même nos Présidents
à leurs voix fortes
ils disaient ce qui est bon pour nous et qu’il est juste
de donner sa vie pour cela
autrefois
il était facile de classer nos frères en rouges et en blancs
même en noirs, alors
les dimanches avaient des airs de fêtes
autrefois, j’ai douze ans,
ma voisine de classe des tresses
une bouche pulpeuse
je lui cache
mes intentions les plus profondes, qu’elle sait
il y a des oiseaux dans le ciel, blancs et noirs eux aussi
sur le chemin,
des charrettes tirées par des bœufs
c’est alors que j’ai appris les Pensées
de Pascal
l’Esprit des Lois
et autres vérités inavouables
autrefois
il y a un ruisseau qui coule
son eau est claire, près de moi,
une jeune femme, qui sourit
« Ô silence…
Tire la mer par la main
et supplie-la de s’asseoir près de moi »
Issa Hassan Al-Yasiri
Villebramar, 2018