Nous sommes comme les graines sous le sable
Enfouies,
Deux millénaires à attendre la pluie.
Nous sommes les étoiles prisonnières de la nuit,
La lumière fossile d’un passé évanoui.
Princes déchus! Soldats sans patrie!
Souvenons-nous de Skaka, de Soundiata, d’Aboubakry.
Notre mémoire n’est pas morte,
Elle est juste endormie.
Mais il est des silences plus terribles que des cris.
Ne sommes-nous pas filles et fils de kémèt?
N’avons-nous pas suffisamment baissé la tête?
Les racines attendent-elles que le ciel verse une larme?
Elles fendent les entrailles de la terre comme une lame.
Au bout de nos lèvres chants et contes oubliés.
De poèmes en théorèmes que de savoirs négligés.
Souvenons-nous que jadis tous buvaient à nos sources.
À la face l’histoire faisons jaillir la vérité.
Retournons à nos couleurs,
Au naturel de nos corps,
Aux tambours qui appellent au souvenir de nos morts.
Et toi
Ô femme, toi ma reine, mon trésor,
Souviens-toi de ton règne,
Souviens-toi d’Amanitore.
Jérôme Matin, 2018