Il te ressemble ; il est terrible et pacifique.
Il est sous l’infini le niveau magnifique ;
Il a le mouvement, il a l’immensité.
Apaisé d’un rayon et d’un souffle agité,
Tantôt c’est l’harmonie et tantôt le cri rauque.
Les monstres sont à l’aise en sa profondeur glauque ;
La trombe y germe ; il a des gouffres inconnus
D’où ceux qui l’ont bravé ne sont pas revenus ;
Sur son énormité le colosse chavire ;
Comme toi le despote il brise le navire ;
Le fanal est sur lui comme l’esprit sur toi ;
Il foudroie, il caresse, et Dieu seul sait pourquoi ;
Sa vague, où l’on entend comme des chocs d’armures,
Emplit la sombre nuit de monstrueux murmures,
Et l’on sent que ce flot, comme toi, gouffre humain,
Ayant rugi ce soir, dévorera demain.
Son onde est une lame aussi bien que le glaive ;
Il chante un hymne immense à Vénus qui se lève ;
Sa rondeur formidable, azur universel,
Accepte en son miroir tous les astres du ciel ;
Il a la force rude et la grâce superbe ;
Il déracine un roc, il épargne un brin d’herbe ;
Il jette comme toi l’écume aux fiers sommets,
Ô peuple ; seulement, lui, ne trompe jamais
Quand, l’oeil fixe, et debout sur sa grève sacrée,
Et pensif, on attend l’heure de sa marée.
Victor Hugo
Au bord de l’océan, juillet 1853
Oui, mais ça, c’était avant. Avant que Henri Ford n’a eu l’idée de vendre ses voitures aux ouvriers qui les fabriquaient. « Démocratiser » la bagnole, c’était la boîte de Pandore. Le super pouvoir des bottes de sept lieux a plus divisé le peuple que les guerres, le « libéralisme », les radios et la télé. On peut se désintoxiquer de tout, mais pas de la vitesse.
C’est bien, vive le peuple
Cher sujet je vous invite à vous prosternez
Très belle comparaison du peuple et de l’océan qui sont pour VH deux forces naturelles comparables en tous points, avec supériorité néanmoins de l’océan « qui, lui ,ne trompe jamais »
Je suis comme Diane, nous sommes en février 2021 et je lis Victor Hugo et ce poeme ‘au peuple’ pendant l’heure de la sieste, en vacances de fin d’hiver. Peu cultivée. Frappée par une constante dans tous ces poemes, celle de l’humanité, et de l’opposition entre force (celle du corps et de l’esprit du poète) et finesse ou fragilité. Comme ici. Ode au peuple, plus fort ou aussi fort que le despote, et étourdi parfois. Je continue la lecture des autres poèmes….
Magnifique ! Il pourrait avoir été écrit aujourd’hui…