I
Accourez au secours à ma mort violente,
Amans, nochers experts en la peine où je suis,
Vous qui avez suivi la route que je suis
Et d’amour esprouvé les flots et la tourmente.
Le pilote qui voit une nef perissante,
En l’amoureuse mer remarquant les ennuis
Qu’autrefois il risqua, tremble et luy est advis
Que d’une telle fin il ne pert que l’attente.
Ne venez point ici en espoir de pillage ;
Vous ne pouvez tirer profit de mon naufrage :
Je n’ay que des souspirs, de l’espoir, et des pleurs.
Pour avoir mes souspirs les vents lèvent les armes,
Pour l’air font mes espoirs volagers et menteurs,
La mer me fait perir pour s’enfler de mes larmes.
Théodore Agrippa d’Aubigné, Hécatombe à Diane, 1874