III
Miséricorde, ô Cieux, ô Dieux impitoyables,
Espouvantables flots, o vous palles frayeurs
Qui mesme avant la mort faites mourir les cœurs.
En horreur, en pitié voyez ces misérables !
Ce navire se perd, desgarny de ses cables,
Ces cables ses moyens, de ses espoirs menteurs ;
La voile est mise à bas, les plus fermes rigueurs
D’une fiere beauté sont les rocs imployables ;
Les mortels changements sont les sables mouvant,
Les sanglots sont esclairs, les souspirs font les vents,
Les attentes sans fruict sont escumeuses rives
Où aux bords de la mer les esplorés Amours
Vogans de petits bras, las et foible secours,
Aspirent en nageant à faces demivives.
Théodore Agrippa d’Aubigné, Hécatombe à Diane, 1874