VI
J’entreprens hardiment de te rendre eternelle,
Targuant de mes escripts ton nom contre la Mort,
Mais en t’eternisant je ne travaille fort ;
Ta perfection n’est en aucun poinct mortelle,
Rien n’est mortel en toy, ta chasteté est telle
Que le temps envieux ne luy peut faire tort.
Tes dons, thresors du Ciel, ton nom exemptz du port
Et du fleuve d’oubly ont la vie immortelle.
Mesmes ce livre heureux vivra infiniment
Pour ce que l’infiny sera son argument.
Or je rend grâce aux Dieux de ce que j’ay servie
Toute perfection de grace et de beauté,
Mais je me plein’ à eux que ta sévérité,
Comme sont tes vertus, aussi est infinie.
Théodore Agrippa d’Aubigné, Hécatombe à Diane, 1874