X
Bien que la guerre soit aspre, fiere et cruelle
Et qu’un doubteux combat desrobbe la douceur,
Que de deux camps meslez l’une et l’autre fureur
Perde son esperance, et puis la renouvelle,
En fin lorsque le champ par les plombs d’une grelle
Fume d’ames en haut, ensanglanté d’horreur,
Le soldat desconfit s’humilie au vainqueur,
Forçant à joinctes mains une rage mortelle.
Je suis porté par terre, et ta douce beauté
Ne me peut faire croire en toy la cruauté
Que je sen’ au frapper de ta force ennemie :
Quand je te cri’ mercy, je me metz à raison,
Tu ne veux [me] tuer, ne m’oster de prison,
Ny prendre ma rançon, ny me donner la vie.
Théodore Agrippa d’Aubigné, Hécatombe à Diane, 1874