Les horloges

Emile Verhaeren

La nuit, dans le silence en noir de nos demeures,
Béquilles et bâtons, qui se cognent, là-bas ;
Montant et dévalant les escaliers des heures,
Les horloges, avec leurs pas ;

Émaux naïfs derrière un verre, emblèmes
Et fleurs d’antan, chiffres et camaïeux,
Lunes des corridors vides et blêmes
Les horloges, avec leurs yeux ;

Sons morts, notes de plomb, marteaux et limes,
Boutique en bois de mots sournois

Et le babil des secondes minimes,
Les horloges, avec leurs voix ;

Gaînes de chêne et bornes d’ombre,
Cercueils scellés dans le mur froid,
Vieux os du temps que grignotte le nombre,
Les horloges et leur effroi ;

Les horloges
Volontaires et vigilantes,
Pareilles aux vieilles servantes
Boitant de leurs sabots ou glissant sur leurs bas,
Les horloges que j’interroge
Serrent ma peur en leur compas.

Emile Verhaeren, Poèmes, Société du Mercure de France, 1895

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5 commentaires sur “Les horloges”

  1. Papp

    dit :

    De la vraie poésie avec une force évocatrice en peu de mots, que j’opposerais aux interminables phrases rimées ou rimantes ; mais à ma connaissance, ce n’est pas « chiffres et camaïeux » mais chiffres « maigres et vieux »….

  2. Jean dupons

    dit :

    Poésie apprise au collège… que de souvenirs….

  3. sans visage

    dit :

    Très bon poème. Miame miame

  4. Elkfel bilel

    dit :

    Relevez les adjectifs qualificatifs

  5. Jean Pierre SIMONIN

    dit :

    Magnifique poème très imagé. Je vais l’apprendre. Je redécouvre Verhaeren, disparu depuis les poèmes appris à l’école. Il est de la trempe de Rimbaud, Baudelaire, Verlaine…

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