Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées,
Des montagnes, des bois, des nuages, des mers,
Par delà le soleil, par delà les éthers,
Par delà les confins des sphères étoilées,
Mon esprit, tu te meus avec agilité,
Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l’onde,
Tu sillonnes gaiement l’immensité profonde
Avec une indicible et mâle volupté.
Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides ;
Va te purifier dans l’air supérieur,
Et bois, comme une pure et divine liqueur,
Le feu clair qui remplit les espaces limpides.
Derrière les ennuis et les vastes chagrins
Qui chargent de leur poids l’existence brumeuse,
Heureux celui qui peut d’une aile vigoureuse
S’élancer vers les champs lumineux et sereins ;
Celui dont les pensers, comme des alouettes,
Vers les cieux le matin prennent un libre essor,
– Qui plane sur la vie, et comprend sans effort
Le langage des fleurs et des choses muettes !
Charles Baudelaire, Les fleurs du mal
Charles nous invite avec ce magnifique poème a nous extraire du quotidien brumeux, pour ne pas dire glauque qui en ce bas monde nous submerge. La bétise des hommes, de la guerre, de la faim, du pouvoir… il s’en affranchit en nous invitant à prendre de la hauteur…
Une méditation sur la mort en quelque sorte.
Dans les moments de ma nuit noire de l’âme, il me plaît à réciter ce poème de Charles Baudelaire et par la magie de ses mots me voilà transporté dans l’au-delà des maux …les espaces limpides …les champs lumineux et sereins …et me ramène à d’autres mots du poète …l’inaccessible Azur …soit sage Ô ma douleur et tiens-toi plus tranquille …tous l’univers de Charles …cette idéal d’un autre monde comme une mère patrie dont le souvenir reste omni présent dans mon inconscient …au milieu des tracas qui chargent de leur poids nos existences brûmeuses …il atteint là les fibres de ma sensibilité par résonance …moi son semblable son frère…
Au-delà des vastes chagrins et des problèmes matériels qui émaillent nos existences trop brèves, sachons apprécier le langage des choses muettes et de l’invisible qui nous attend tous, et traduit la présence d’une force supérieure universelle exprimant une autre volonté
En dépit du matérialisme qui imprègne notre siècle, le rôle que pourrait jouer les forces de l’esprit reste toujours d’actualité…
Ce chef d’œuvre exprime ce qui peut être le meilleur, le plus précieux le plus profond, car expérimenter la vie avec bonheur c’est prendre conscience à tout instant de la beauté et du caractère improbable de notre naissance, en dépit « des vastes chagrins qui chargent de leur poids l’existence brumeuse »…
Je cherchais un poème du « grand » pour introduction à quelques modestes de mon cru et j ai trouvé ELEVATION. Tout est dit. Merci Charles
Merci à Charles pour cette respiration.
Les fleurs du mal de Charles Baudlaire, et plus précisement « élévation », j’en ai peur d’écrire dessus tant je ne voudrais pas rabaisser la hauteur de ce poème. C’est sans doute pour moi dans les plus grand accomplissement qu’un Homme peut atteindre, sincèrement. Ici regorge pour moi tout ce qu’il y a de plus beau, de plus primordial et de plus inspirant de nos vies, le pinacle de la réalisation de l’humain. Baudelaire ici nous a présenté dans les plus grandes preuves de génies au monde, ce poème est si puissant, un réel maintient pour les moments les plus bas de nos vies où nous doutons des choses les plus profondes. Le Beau avec un grand B nous est peint avec tant de perfection, d’exellence et de retenue, l’utilisation la plus talentueuse de la langue française à ce jour. Ce poème m’a définitivement marqué et pour toujours, initialement arrivé à un moment si particulier de ma vie où je n’y voyais plus rien d’inspirant, je me plongeais dans des pensées si nihilistes qu’aucun concept de cette vie pouvait me ramener à la raison; mais si justement, c’était le prologue de quelque chose de gigantesque, de littéralement ce qu’il y a de plus grand au monde. Elévation m’a apporté une révélation qui demanderait le plus grand génie au monde pour être bien décrite, c’est quelque chose d’impossible deviner et appréhender avant que cela nous arrive. La lecture mais surtout la sincère compréhension de ce poème m’a apporté tout ce dont j’avais besoin pour définitivement changer et ne plus jamais repasser par des phases si basses comme cette dernière. Après cela, plus rien n’était comme avant, plus jamais de simples événements qu’on pourrait qualifier de « mauvais » et si bas pourraient m’empêcher d’être constamment inspiré par cette beauté si évidente et omniprésente de notre existence, ça m’a apporté toute les clés pour comprendre la réelle définition du bonheur, que ce n’était pas une phase mais un état constant, que quand nous l’avons atteint tout prend un autre tournant, tout y est plus pure, plus sain, plus harmonieux, plus grandiose, plus beau tout simplement. « S’envoler bien loin de ces miasmes morbides » n’est pas tache facile tant nous y sommes plongés depuis un trop grand temps sans même que ça nous vienne à l’idée de remettre tant de choses en question, mais y réussir signifie énormément de choses, c’est l’avènement d’une nouvelle dimension dans nos vies, une tournure totalement différente de nos manières de penser, de veiller et de comprendre. Atteindre ce moment où nous comprenons sans effort le langage des fleurs et des choses muettes est une réelle finalité, cela devrait être le but ultime de tout Homme, une constante recherche de réponses qui importent vraiment, une quête de savoir sans digression vers d’autres thèmes, car ça nous est tellement récompensé. Comme Baudelaire le dit, « Heureux celui qui peut d’une aile vigoureuse, S’élancer vers les champs lumineux et sereins », « Heureux », n’est ce pas ça la plus grande des récompenses ? Evidemment que si, et elle arrive seulement après un grand périple dans tous ces thèmes si abstraits de notre vie et impossible à appréhender avec perfection; mais nous trouvons finalement un fin mot de tout ça, un réel absolu, mais ceci est réservé pour les plus rigoureux des penseurs, pour ceux s’étant totalement détaché de ce qui peut les ramener dans cette base masse de « miasmes morbides », pour les esprits les plus purs et réfléchis. Ceux n’ayant plus peur de confronter cette « immensité profonde » sont les plus épanouis d’entre nous, et vous n’en trouverez jamais des éléments pouvant les rendre semblables à ceux qui subissent la vie et ne planent pas au dessus. Pour conclure c’est ici que nous retrouvons tout l’essence de l’Homme, que nous pouvons être à jamais couvert par la joie et le bonheur d’avoir expérimenté la vie et que nous sommes reconnaissant de tout ce qu’elle peut apporter, c’est ici qu’on atteint les sujets les plus élevés de tous; merci Baudelaire d’avoir peint le Beau avec tant de perfection, merci énormément.
Bonjour Chris je pense que vous devez faire la diérèse sur les 2 « i » ainsi vous aurez 12 …
J’ai lu ce poème à mon fils. Il était, jeune quadragénaire, sur son lit de mort à Jeanne Garnier. Je souhaitais pour lui cet envol dans l’éther loin de la pesanteur « terrienne ».
Sublime! je ne m’en lasse pas et je l’ai appris par coeur.
Les pensers = pas de faute, comme le boire, le manger.
Beauté des images, choix des mots et des concepts, qualité et rigueur des alexandrins ; du grand art, c’est sûr !
Avez vous des arguments pour justifier votre choix d’aimer ce poème ?
Merci Baudelaire
Merci bien sincèrement à Bernard Voyageur pour sa claire explication sur l’alexandrin :
« Va te purifier dans l’air supérieur »
Effectivement c’est bien ainsi que j’aurais dû le lire !
et non BAUDELAIRE ne peut faire ce genre d’erreur !
Désolée… et encore toute mon admiration pour ce magnifique poème !
Simplement magique !! L’un de mes poèmes préférés chez Baudelaire.
Magnifique poème ! Il nous transporte dans un autre monde, juste woaw !
Celui dont les pensées…et non penser! Merci de corriger.
@ Chris
C’est bien un alexandrin ! ☺
Il faut décompter ainsi:
Va /te /pu/ri/fi/er /dans /l’air /su/pé/ri/eur 12
L’hémistiche est à purifier et purifier ainsi que supérieur
comportent des diérèses.
Je pense que vous avez compté ainsi:
Va /te /pu/ri/fier /dans /l’air /su/pé/rieur 10
Ce qui vous donnait 10 pieds…..des fautes impossibles chez Baudelaire
Un poème magnifique que j’ai aussi appris en cours et n’ai jamais oublié…
Juste un petit bémol dans la forme : pourquoi dans la 3ème strophe, la 2ème phrase n’est pas un Alexandrin ?
« Va te purifier dans l’air supérieur »…
Ce vers casse un peu l’harmonie mais n’enlève en rien à la beauté du poème. Magique !
Ce poème est de loin le plus beau que je connaisse. je ne pourrais jamais m’en masser tellement il rend compte de l’intangible avec perfection. Je le fait découvrir aujourd’hui à mon fils de 10 ans qui est déjà touché par la beauté dont il rend compte.
Ce poeme fut un de mes choix en classe de poésie, il y a plus de 50 ans. Je n’avais pas percus à l’époque, que sous ses airs légers se révélait un voyage halluciné.
Inégalé… Charly, you re definitly the best!!
les pensers ?
Moeeee bof bof
Ce poème représente tout pour moi, il m’a suivi dans les moments difficiles de ma vie… Comme une bouée au milieu de ma mer intérieure…
À qui s’adresse Baudelaire ?
Le poème Elevation en chanson… https://www.youtube.com/watch?v=3wyWn9qx3i8 Bonne écoute Cdt 😉
Très beau, on se laisse aller et on « s’envole »…
Sublime.
Très beau poème qui m’a transporté. Subtile, léger, qui nous fait voyager. Un chef d’oeuvre de la langue française.
Elevation, pour moi, c’est un aboutissement, un pur chef d’oeuvre, non seulement dans la poésie de Baudelaire, mais dans la poésie tout court. Il est très difficile d’allier le fond et la forme. Ici, tout y est !
Date ? 🙂
Un des nombreux poèmes qui font honneur à notre belle langue. Dans une suite de mots et de phrases qui « coulent » sans entrave, apparaissent des images, des sentiments, de la réflexion et des conseils à propos de la vie. Un chef d’oeuvre. En somme prendre la vie avec philosophie! Facile à dire mais…
Un très beau voyage mystique.
Un bijou terrible de la poésie. Une double beauté, sur la forme bien sûr, subtile et profonde, mais aussi sur le fond, grandiose et pénétrant.