« Manrique, amigo dilecto
de las calaveras, ¿que fue
de tanto verso sino palabras más o menos? »
(« Manrique, ami très cher
des têtes de mort, que sont devenus
tous ces vers sinon rien que des mots ni plus ni moins« )
María Mercedes Carranza
Otro Camino
« Pour une fois, dis-moi quelque chose de vrai »
Il ressemble à un ours.
Ou à un chat.
Elle et lui dans un hôtel du bord de mer, l’hiver.
Elle et lui, et l’amertume de l’amour.
Il la regarde, ne sachant quoi dire.
Quelque chose de vrai. Qu’y a-t-il de vrai ?
Il ne sait pas ; c’est à cause du vent du Nord.
Il ressemble à un ours, ou à un chat.
Est vrai, le vent du Nord.
Vraie, l’écume des vagues.
Vrai, le ressac.
Vrais, vrais encore, les souvenirs d’autres hivers.
« Dis-moi quelque chose de vrai ».
Il ne sait pas. Il ressemble à un ours.
Ou à un chat.
Villebramar, 2019