Trois jours de vendanges

Alphonse Daudet

Je l’ai rencontrée un jour de vendange,
La jupe troussée et le pied mignon ;
Point de guimpe jaune et point de chignon :
L’air d’une bacchante et les yeux d’un ange.

Suspendue au bras d’un doux compagnon,
Je l’ai rencontrée aux champs d’Avignon,
Un jour de vendange.

* * *

Je l’ai rencontrée un jour de vendange.
La plaine était morne et le ciel brûlant ;
Elle marchait seule et d’un pas tremblant,
Son regard brillait d’une flamme étrange.

Je frisonne encore en me rappelant
Comme je te vis, cher fantôme blanc,
Un jour de vendange.

* * *

Je l’ai rencontrée un jour de vendange,
Et j’en rêve encore presque tous les jours.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Le cercueil était couvert en velours,
Le drap noir avait une double frange.

Les sœurs d’Avignon pleuraient tout autour…
La vigne avait trop de raisins ; l’amour
A fait la vendange.

Alphonse Daudet, Les Amoureuses, 1858

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1 commentaires sur “Trois jours de vendanges”

  1. brochard

    dit :

    Qu’on est loin du moulin !

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