Je prendrai par la main les deux petits enfants ;
J’aime les bois où sont les chevreuils et les faons,
Où les cerfs tachetés suivent les biches blanches
Et se dressent dans l’ombre effrayés par les branches ;
Car les fauves sont pleins d’une telle vapeur
Que le frais tremblement des feuilles leur fait peur.
Les arbres ont cela de profond qu’ils vous montrent
Que l’éden seul est vrai, que les coeurs s’y rencontrent,
Et que, hors les amours et les nids, tout est vain ;
Théocrite souvent dans le hallier divin
Crut entendre marcher doucement la ménade.
C’est là que je ferai ma lente promenade
Avec les deux marmots. J’entendrai tour à tour
Ce que Georges conseille à Jeanne, doux amour,
Et ce que Jeanne enseigne à George. En patriarche
Que mènent les enfants, je réglerai ma marche
Sur le temps que prendront leurs jeux et leurs repas,
Et sur la petitesse aimable de leurs pas.
Ils cueilleront des fleurs, ils mangeront des mûres.
Ô vaste apaisement des forêts ! ô murmures !
Avril vient calmer tout, venant tout embaumer.
Je n’ai point d’autre affaire ici-bas que d’aimer.
Victor Hugo, L’art d’être grand-père, 1877
Barbara Chine, oui, l’art d’être grand-père est un recueil de poème. C’est très beau.
« L’art d’être grand-père » est un livre j’espère? Il ne s’est pas contenté d’un poème? Si oui à offrir à tous les grands parents, parents, chaque être humain en fait. Cela me donne envie, moi qui marche si vite, de marcher a petits pas. J’ai une astuce pour nous tous! Imaginons que Victor Hugo, Jeanne et Georges soient avec nous, partout où l’on va;)
Une promenade en forêt avec ses deux petits-enfants et voilà ce que récolte Victor Hugo, et nous par la même occasion. Pourquoi Victor Hugo n’est pas Proust sur ce coup là et ne nous conte t-il pas ce que Jeanne conseille à Georges et vice versa, et ce que lui même leur raconte, sur lui, ses expériences, la Nature sur 11 ou 12 pages…
Pourrait-on mieux dire?
Hugo c’est toujours, pour moi, un cours d’eau… du plus petit ruisselet au clapotis discret jusqu ‘au fleuve en furie emportant tout sur son passge. Un cours d’eau s’écoule naturellement comme les mots, les phrases, les poésies d’Hugo. Je retiens certains vers pour le seul plaisir de la musique qu,ils engendrent quand je me les recite.