Le sentiment qui m’habite est sincère
Aussi profond que les failles de la terre
Jusqu’ici je ne fus qu’une autre page arrachée
Au registre du temps. De l’histoire, naufragé
En ces nuits obscures perforées de lucioles
Le silence se faisait plus bruyant que la parole
Puis le verbe Diopien dans sa profonde inspiration
Fut l’éveil spirituel qui féconda ma génération
Un vent de vérité balaya ma prison de verre
Inonda mon âme de la mémoire de mes pères
Moi, le fils adoptif de la montagne Pelée
Je me tournais vers Kemet
Souche de toute humanité
D’une Egypte antique
Ô combien négroïde
Flamboyance mathématique
Accoucheuse de pyramides
Naquirent les fondements de toutes civilisations
Les sciences portées jusqu’au sommet de l’érudition
De grès
De force
Des griffes de l’Occident
Je reprends nom, histoire, héritage et testament
Affranchi par ces mots de la malédiction de Cham
Je suis la diaspora ou le tranchant de sa lame
À mesure que se dessinent les horizons déchaînés
Mon être s’abandonne à l’instinct de vérité
Qu’importe les fêlures de mon corps bouclier
Jamais plus je ne serai inférieur à ma lignée
La connaissance est au peuple
Noyé dans la brume
Ce que le vent est au désert
Ce que le marteau est à l’enclume.
Jérôme Matin, 2019
Magnifique…