A la musique

Arthur Rimbaud

Place de la Gare, à Charleville.

Sur la place taillée en mesquines pelouses,
Square où tout est correct, les arbres et les fleurs,
Tous les bourgeois poussifs qu’étranglent les chaleurs
Portent, les jeudis soirs, leurs bêtises jalouses.

– L’orchestre militaire, au milieu du jardin,
Balance ses schakos dans la Valse des fifres :
Autour, aux premiers rangs, parade le gandin ;
Le notaire pend à ses breloques à chiffres.

Des rentiers à lorgnons soulignent tous les couacs :
Les gros bureaux bouffis traînant leurs grosses dames
Auprès desquelles vont, officieux cornacs,
Celles dont les volants ont des airs de réclames ;

Sur les bancs verts, des clubs d’épiciers retraités
Qui tisonnent le sable avec leur canne à pomme,
Fort sérieusement discutent les traités,
Puis prisent en argent, et reprennent :  » En somme !…  »

Épatant sur son banc les rondeurs de ses reins,
Un bourgeois à boutons clairs, bedaine flamande,
Savoure son onnaing d’où le tabac par brins
Déborde – vous savez, c’est de la contrebande ; –

Le long des gazons verts ricanent les voyous ;
Et, rendus amoureux par le chant des trombones,
Très naïfs, et fumant des roses, les pioupious
Caressent les bébés pour enjôler les bonnes…

– Moi, je suis, débraillé comme un étudiant,
Sous les marronniers verts les alertes fillettes :
Elles le savent bien ; et tournent en riant,
Vers moi, leurs yeux tout pleins de choses indiscrètes.

Je ne dis pas un mot : je regarde toujours
La chair de leurs cous blancs brodés de mèches folles :
Je suis, sous le corsage et les frêles atours,
Le dos divin après la courbe des épaules.

J’ai bientôt déniché la bottine, le bas…
– Je reconstruis les corps, brûlé de belles fièvres.
Elles me trouvent drôle et se parlent tout bas…
– Et je sens les baisers qui me viennent aux lèvres…

Arthur Rimbaud, Poésies, 1870-1871

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58 commentaires sur “A la musique”

  1. Anonyme

    dit :

    Bien que je ne sois que peu attiré par la poésie en toute soi, l’écriture, sa manière d’expliciter ses idées, et les revendications d’Arthur Rimbaud me touche droit au cœur. Ce jeune poète fut sans doute l’un des meilleurs de sa génération et le reste toujours actuellement !

  2. leclerc de Buffon

    dit :

    Je dit seulement une chose, le poème à l’air bien mais il est long

  3. julien tanti bebew fraté

    dit :

    Peut mieux faire…

  4. Eric St Louis

    dit :

    Petite précision pour la compréhension (pour la dame inepte qui pense que ce poème ne veut rien dire et l’autre qui se trouve très intelligente mais n’accorde pas son dégoûtent dans la phrase « Les gens sont trop drôle et les fautes d’orthographes me dégoûte »

    Quand Arthur écrit (je suis) dans ce poème, c’est du verbe SUIVRE, pas du verbe ÊTRE 🙂

  5. Lara Saint-Férieur

    dit :

    Il est intéressant de remarquer la sémantique des verbes exprimant le mouvement et les désirs du poète. La métrique des vers est à la fois alexandrine mais en même temps, nous remarquons un rythme très saccadé. Très intéressant.

  6. Salim Igré

    dit :

    Belle critique d’une société inapte a la création poétique.

  7. Ki

    dit :

    Je connais un autre Arthur qui fait mieux.

  8. Adolph

    dit :

    Magnifique

  9. Lucas

    dit :

    Franchement le meilleur poème…

  10. Samy ritelehuc

    dit :

    Mon préféré du recueil celui la

  11. pas mal pas mal

    dit :

    Trop bien, je l’aime bien ce Shakespeare

  12. bomboclat

    dit :

    Pas mal

  13. Je suis la

    dit :

    En toute sincérité, Arthur Rimbaud est un des plus grands rappeurs de son époque

  14. Jean Claude

    dit :

    Incroyable poème de la légende Rimbaud !

  15. Anne Ale

    dit :

    Wow!

  16. thomas

    dit :

    Sympa

  17. Paul

    dit :

    @Anatole
    Ce n’est pas exactement de la censure : « Georges Izambard a raconté dans un article du Mercure de France du 16 décembre 1910 comment il a demandé à Arthur Rimbaud de modifier ce dernier vers : « Il y a une ligne, dans la pièce ‘A la musique’ que je me permets de revendiquer. Sa version première : ‘Et mes désirs brutaux s’accrochent à leurs lèvres’ avait trop l’air d’une outrance de casse-cœur fanfaron et bête ; cela jurait avec son air modeste d’écolier timide. Mes raisons lui plurent. Par hasard, dans une pièce antérieure de moi, j’avais un vers tout à fait sur la même rime : je le lui proposai comme on offre une cigarette ; il le trouva à son gré et l’accepta : ‘Et je sens les baisers qui me viennent aux lèvres’… » (voir : https://www.arthur-rimbaud.site/p/a-la-musique)

  18. Anatole

    dit :

    Cette version n’est pas la bonne…
    Le dernier vers a été « censuré »
    Il faut lire :
    — Et mes désirs brutaux s’accrochent à leurs lèvres.

  19. Claude Rosan

    dit :

    Très joli poème sans aucun doute. Je ne suis pas francais, mais un peu surpris des fautes d’orthographie dans plus qu’un des commentaires. Ami de poesie.

  20. steyger

    dit :

    Arthur Rimbaud, magnifique poète qui à laissé une oeuvre inouïe. L’un des plus grand poète de tous les temps, si ce n’est le plus grand. Pour tout poète, c’est un rêve.

  21. Vireflot

    dit :

    Pourquoi s’emparer de l’avis du ressenti d’un autre pour le contrarier? En poésie il me semble que chacun est libre d’apprécier à sa façon et selon les moments, ou pas.

  22. SOLENNE

    dit :

    Corrine je suis pas du tout d’accord avec toi. Arthur Rimbaud a fait des poèmes magnifiques, il est super intelligents avec ça et j’en suis sure que a coté de lui tu est ridicule…

  23. Corinne

    dit :

    Entre bof et pas ouf, Rimbaud se serait joué de ces critiques. Ce poème est magnifique. Il y décrit une bourgeoisie qu’il ne supporte pas et les portraitistes d’une manière satirique qu’il affectionne particulièrement…

  24. the best

    dit :

    Pas ouf, peut faire mieux.

  25. garnier michael

    dit :

    Cette fois ce poème note la nonchalance des journées où l’on peut flaner sans se sentir mal aime. Le caractère sauvage de la nature nous laisse s’abandonner à ses couleurs vives. Les baisers sauvages accompagnent le promeneur à cette flânerie d’une journée tant attendue.

  26. Saunier Patrice

    dit :

    Une petite précision : Arthur, ami choisi à l’unanimité avec moi même avait écrit à la fin du poème « À la musique », « et mes désirs brutaux s’accrochent à leurs lèvres », c’est son professeur d’alors, Georges Izambard qui lui avait suggéré la phrase « et je sens les baisers qui me viennent aux lèvres », la phrase d’Arthur est tout de même plus forte et intense ! Chez Arthur « tout a été écrit demain matin ! » belle journée à tous. Patrice la bohème déchirée.

  27. Francis CONTI

    dit :

    The Sniper

    Tu arrives sur poética.fr, forum de partage autour d’oeuvres poétiques et tu écris « bof ». Tu sais ce que c’est un beau poème?

    Tu connais le grand Arthur Rimbaud ?

    Je suis désolé mais j’ai surtout l’impression que tu n’as aucune sensibilité…

  28. the sniper

    dit :

    Bof

  29. Kaito

    dit :

    Trop beau ! Magnifique poème

  30. Frédéric SIMON

    dit :

    Lorsque j’ai débarqué à Charleville, j’ai vu le square ! et bien sur, ce poème m’est venu aussitôt. La ville a bien changé certainement par rapport à celle qu’a connu Arthur. Je l’ai quand même lu en me promenant sur ce petit lopin de jardin et j’ai senti toute l’amertume dans l’âme de notre poète.

  31. Nanana

    dit :

    Une très intelligente a fait 4 fautes mais elle n’a quand même pas tout à fait tort, les gens pourraient essayer de soigner un peu leur orthographe.

  32. Dylan

    dit :

    J’aime bien, dans le meme style que Jul le sang, à quand le feat?

  33. michel

    dit :

    Je kiffe grave

  34. Bourel

    dit :

    C’est quoi la satire de ce poème ? svp j’ai besoin d’une réponse

  35. delarrat

    dit :

    « Une très intelligente », pour le coup tu n’est pas très intelligente car tu dis que les gens font des fautes mais tu en as fait trois!

  36. une très intelligente

    dit :

    Les gens sont trop drôle et les fautes d’orthographes me dégoûte. Vous savez pas écrire et c’est choquant !

  37. Blanche

    dit :

    j’ai découvert Arthur Rimbaud en classe de CM1 en découvrant le poême « le matin des étrennes » , un pur délice pour qui à gardé une âme d’enfant. A découvrir pour ceux qui ne l’ont jamais lu. « Ah quel beau matin, que ce matin des étrennes etc…

  38. joachim desmoulin

    dit :

    J’aime beaucoup ce poème et Arthur rinbaud. J’ai du faire une anthologie sur la musique et j’ai adorer lire ce texte. Il est bien écrit et la presantation des bourgois est bien faite!

  39. KIKINE

    dit :

    Etant une inconditionnelle de Rimbaud et de plus carolomacérienne, je suis admirative de toutes les œuvres de l’homme aux semelles de vent !

  40. Clémentin

    dit :

    Ce poème est très intéressant car il montre bien la critique que fait Rimbaud à l’égard de la bourgeoisie provinciale. Le cadre spatial contient à lui seul une critique et renforce l’impact de cette satire.

  41. hugues comitragix

    dit :

    Il est magnifique ce poème de Rimbaud

  42. Léa

    dit :

    Cool

  43. deyl

    dit :

    Un des auteurs qui parle de choses anodines dans un ton innocents pour dénoncer des injustices et des faits graves…

  44. Un fille très intelligente .

    dit :

    Le style utilise par l’auteur est concret malgré quelques interférence grammaticale c’est un chef d’oeuvre, Sarah Cohen l’explique très bien dans son livre « Arthur Rimbaud le voleur de feu » Lisez le !!! 🙂

  45. houdahouda

    dit :

    C’est vraiment magnifique ! Arthur Rimbaud, j’adore ton poème !

  46. Anonyme

    dit :

    Coucou tous le monde!
    Pour un devoir en Français, j’aimerai savoir les circonstances de l’écriture de ce poème c’est à dire à quelle époque RIMBAUD a t’il écrit ce poème, pourquoi… Merci de votre aide. J’ai effectué de nombreuses recherches et je n’ai pas trouvé de réponses.

  47. une fille reveuse…

    dit :

    margot kiki, tu n’as pas aimé ce poème, il n’est pas bof pour autant, tu ne peut pas juger l’oeuvre d’un artiste comme tu le fais, tu n’a surement pas compris son ecriture, ses phrase, son style, mais on ne peut pas résumer une si grande oeuvre en « bof »…

  48. gacaco

    dit :

    Bonjour, quelqu’un pourrait m’aider svp. Je voudrais savoir le temps verbal utilisé et le metre utilisé. Merci d’avance.

  49. Gérard

    dit :

    Beaucoup d’ironies… musicales.
    Un humour que j’apprécie.

  50. Wundele

    dit :

    Lorsque l’on suit cette musique et que l’on s’éduque à la jouer, alors on rêve, car on ne peut l’egaler

  51. leon

    dit :

    je l’aime bien

  52. Julie

    dit :

    Mika c’est nul ce que tu dit!!!!

  53. charlene

    dit :

    J’adore tous ses poèmes. Merci P.Eluard

  54. Guigui59

    dit :

    D’accord avec margot kiki

  55. margot kiki

    dit :

    je n’ai vraiment pas aimé ce poème qui ne veut strictement rien dire et les phrases sont très mal construites. C’est dommage parce que Arthur Rimbaud est un bon poète mais cette poésie c’est vraiment bof… et encore!

  56. tirache annick

    dit :

    Il fallait bien être passé par Charleville
    pour oublier la ville
    et au bout d’un crayon
    faire jaillir une telle prose

  57. Mika

    dit :

    c tro bien écrit:)
    waaah!!magnifique!!
    j’aime bien:)
    je l’ai utilisé pour un recueil de poèmes que je devais faire en classe…je suis en seconde et on devais choisir un thème…moi g choisi la musique…on devais expliqué pourquoi on avait choisi ce poème la….moi j’adore la musique,je fais du piano,du violon et de la flute traversière..alors la musique j’adore ça..même en poème:)

  58. Monique

    dit :

    Je ne connaissais pas ce poeme… mais Arthur Rimbaud c’est « mon » poète. Je suis allée à Charleville le chercher à travers ses rues

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