Dans le ciel, une fleur sombre
Va silencieusement…
Petite barque ramant,
Avion planant dans l’ombre.
Sur les ailes, de gros yeux…
Quel oiseau mystérieux,
Velu, menu, va, ramant,
Va silencieusement ?
C’est à l’heure où les parfums
Se dégagent un à un
Des géraniums trop lourds
Et des verveines froissées,
Qu’un papillon de velours,
– Comme une fleur de pensée –
Quitte les parterres d’ombre.
Dans le ciel, une fleur sombre.
N’allume pas, toi qui sais,
La lampe aux clartés perfides…
Vois, le paon de nuit dévide
Son fil en zigzags muets.
N’allume pas, toi qui sais…
Laisse la chambre dans l’ombre,
Une fleur dans le ciel sombre…
Sabine Sicaud, Poèmes d’enfant, 1926