On a beaucoup parlé dans la chambre, ce soir.
Couché, bordé, la lune entrant par la fenêtre,
On évoque à travers un somnolent bien-être,
La vieille qui, là-haut, porte son fagot noir.
Qu’elle doit être lasse et qu’on voudrait connaître
Le crime pour lequel nous pouvons tous la voir
Au long des claires nuits cheminer sans espoir !
Pauvre vieille si vieille, est-ce un vol de bois mort
Qui courbe son vieux dos sur la planète ronde ?
Elle a très froid, qui sait, quand le vent souffle fort.
Va-t-elle donc marcher jusqu’à la fin du monde ?
Et pourquoi dans le ciel la traîner jusqu’au jour !
On dort… Nous fermerons les yeux à double tour…
Lune, laisse-la donc s’asseoir une seconde.
Sabine Sicaud, Les poèmes de Sabine Sicaud, 1958 (Recueil posthume)