Le vieux chemin creusé d’ornières ?
Il a trop plu.
Le vieux chemin de la Carrière,
Celui du vieux moulin qui ne moud plus,
Le chemin du Seigneur qui n’a plus de château,
Le chemin du Bourreau,
Le chemin de la malle-poste,
Et ceux qui les croisaient, tous les chemins herbus,
Tous les chemins pleins d’eau,
Tous les chemins perdus…
Entre les ronces hautes,
Les prunelliers, la douce-amère, les bryones,
Le vert était celui des grottes et le jaune
Celui de la mélancolie.
Même le gel craquant sous le pas des brebis
Y devient triste avant la nuit tombée.
Les chemins creux, la pluie,
Le givre gris,
Le dernier scarabée…
Prenons la route neuve
Qui sur un pont solide et neuf passe le fleuve.
Sabine Sicaud, Les poèmes de Sabine Sicaud, 1958 (Recueil posthume)