Il est plusieurs chemins
dans le Royaume de mon père…
S’ils se côtoient,
se croisent ou s’ignorent,
ont leurs pentes de joies,
leurs gouffres, leurs clairières
et leur faune et leur flore,
n’importe. Il est plusieurs chemins.
Il est plusieurs montagnes
de hauteur différente
avec plusieurs versants…
et bien des taupières
où grimpent des fourmis.
Si nul ne t’accompagne
que l’ombre de ton corps sur le cadran solaire,
mettras-tu plus de temps
à gravir la montagne ?
Si tu dors sous la tente
des riches caravanes,
mettras-tu moins de temps
à sortir des savanes?
Si tu n’as pas d’amis
dont la barque et les rames
aient bravé la tempête aux quatre coins du monde,
mettras-tu plus de temps pour atteindre le port
que vous n’en auriez mis
ramant ensemble ?
Quels chemins se ressemblent !
Tant de lames profondes
et de côtes sans fjords,
tant de vagues de sable
autour de minarets,
tant de neige et de vent
sur le mon Everest…
Et le chemin de Dieu peut être si modeste.
Sabine Sicaud, Les poèmes de Sabine Sicaud, 1958 (Recueil posthume)