Le chemin des Hauts-Plateaux

Sabine Sicaud

I.
C’est le chemin des Hauts-Plateaux,
Le petit chemin sec en bordure du ciel.
Un chêne rabougri s’y dresse entre les ronces.
Des vallons bleus s’enfoncent
Des deux côtés comme deux sillons d’eau
Contre un vaisseau de pierre.
Et l’herbe et la broussaille et la pierre et la terre
Sont craquantes et dures
Sur le pont du vaisseau qu’ont fui les matelots.
Sans hublots, sans mâture,
Le plateau se découpe en bordure du ciel.
Dans sa maigre verdure ou ses haillons de bure,
Le chêne y veille seul, debout, en proie au vent,
Au soleil, à la lune, à l’ombre, frissonnant
D’un frisson éternel.

II.
Sur l’autre promontoire
Un bosquet d’arbres noirs
Fut le Bois des Supplices.
Quand dort l’oiseau de jour,
L’oiseau de nuit s’y glisse
À rames de velours
En bordure du ciel…

Pujols, chemin de la Corniche

Sabine Sicaud, Les poèmes de Sabine Sicaud, 1958 (Recueil posthume)

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