Jusqu’ici le cœur se cachait dans l’arbre
et l’arbre touffu savait le défendre.
Mais les émondeurs tourmentèrent l’arbre.
Le cœur s’en alla.
Dans le vieux jardin le lierre espéra.
Mais le nouveau maître en voulait au lierre
et tout ce qui grimpe et tout ce qui dure
fut déraciné.
Au bord du grenier les nids d’hirondelles
auraient pu cacher le cœur exilé
Mais sous un toit neuf que peut la gênoise
dans sa nudité ?
Ni toit ni jardin n’ont plus d’ombre sûre.
Si même la sauge avait refleuri,
rien ne cacherait la Vierge Marie.
Quand l’arbre n’eut plus que deux bras en croix
où le cœur s’en fut, on ne le sait pas.
Sabine Sicaud, Les poèmes de Sabine Sicaud, 1958 (Recueil posthume)