« il est bon de prier la nuit, lorsque l’horreur est grande »
Ioan Es Pop
je vous écris, passager clandestin,
de la longue et vaste demeure des morts
je vous écris de là, un soleil noir pour tout bagage.
Je vous écris, parce que c’est ma nature d’appeler
quand il n’y a personne pour répondre.
Quand je suis seul.
Hier, le soleil a plongé dans la mer, et nous le regardions.
Personne pour lui porter secours.
Personne,
pour le libérer de la nuit.
La plage a essayé par des scintillements de refléter
ce qu’il restait de sa lumière.
La lune refusa d’obtempérer. C’est pour ça qu’il fait nuit.
Dans nos cœurs,
aussi.
Je vous écris.
Je vous écris à bride débridée vous allez rire.
Demain, qui rira le dernier ?
(à voix très basse et sur un ton de confidence)
Je vous écris
sur des feuilles d’or et d’argent
que j’ai volées au caravansérail.
C’est un mot qu’en général personne ne comprend.
Je vous écris parce que la nuit est profonde et l’horreur grande.
Et personne.
Personne, pour répondre.
Villebramar, 2018