Mes mots, ces bateaux ivres.
À M…
«que parle seulement celui qui est nu»
Mario Campaña (Équateur)
Dans un autre Monde, ceux qui s’aiment sans jamais le dire,
passeraient ensemble le fleuve sans couleur d’un Devenir où l’Un est l’Autre,
et l’autre,
l’un
Dans un autre Monde, ceux qui s’aiment, plus jamais n’auraient besoin de dire
le mot « aimer ».
Dans un autre Monde, il y aurait des haltes sous les chênes, pour ne pas se dire
juste regarder
les yeux, l’insondable couleur
des yeux de l’Autre
Dans un autre Monde, personne ne saurait
ni qui est l’Un ou l’Une
ni que veut dire « l’Autre »
Dans un autre Monde, les jours ne sauraient pas choisir entre l’aube et l’aurore
ni si le ciel serait ou gris ou rose ou mauve, ni même s’il y aurait ailleurs
des arcs-en-ciels
dans un autre Monde où ceux qui s’aiment sans jamais le dire
passeraient ensemble le fleuve
Villebramar, 2020