Aucune larme ne roule sur tes joues
Madone qui tient sur ses genoux
la tête de ton enfant décapité
Jamais la barbarie ne viendra à bout
de la liberté de dire
malgré Samuel le martyr
des ténèbres de la religion
L’on cherche à diviser la République
ce bien commun qu’ont façonné la dignité
et la libre parole
cet espace des citoyens où être soi
n’est pas un blasphème
où les êtres sont tous les mêmes
À ces monstres qui dévoient la foi
de celles et ceux qui en toute candeur
croient
sachez que pour vous
toujours la défaite
viendra gâcher vos sanglantes fêtes
Kamal Zerdoumi, 2020
Chère Barbara,
La colère est un bon encrier. La barbarie doit être décrite sans concession. Les journalistes et les gens de télévision rendent lisse ce qui est sanglant. Ils sont dans l’image. Le poète, contrairement à eux, est dans la présence : les ténèbres de l’inhumanité, la fraternité, la beauté, le sens de la vie ou son non-sens, il doit les rendre palpables. Ni filtre ni écran. L’immédiateté est sa règle. Le lecteur en ressort révolté, ému, fasciné, pensif. La poésie maintient l’Homme debout.
C’est un texte très dur, enfin la 3eme ligne, uniquement, finalement, là où on s’attend a lire ‘le corps’, on lit ‘la tete’ et la scène parait très violente… mais on sent vraiment la rage et la colère d’un homme meurtri.
Ce qui me fait réfléchir… ce qu’ils viennent de commettre est très violent aussi et vous avez raison de le décrire ainsi. On lit dans la presse et voit à la télé au lendemain d’attentats, des personnes prendre la parole pour expliquer ce que vous écrivez mais jamais avec colère, ils sont plutôt abattus… et pourtant, maintenant que je vous ai lu, j’aurais aimé en voir un ou une. J’aurais aimé que cela soit vous.
Bravo poetica pour votre sélection car les poèmes que je viens de lire à la Une sont tous aussi poignants les uns que les autres. Les médias devraient se fournir chez vous. Les poètes décrivent avec plus de force les maux de notre société que les journalistes!!!
Le texte est impressionnant, vous utilisez des mots très durs tout en laissant cette souplesse entre les phrases. Cela donne l’impression d’avoir une blessure ouverte qui se bat pour cicatriser.
Merci pour ce superbe poème qui dit très bien notre révolte face à l’incroyable bêtise du terrorisme.
Toujours droit au cœur cher ami… Tant que les médias continuons à parler de violence empoisonnant les ésprits faibles, pour intérêt, la violence ne finira.
Merci.
« Ferrat chante Aragon » : vous réveillez là bien des souvenirs, madame. Dans ce texte il est dit : (…) et le futur est son royaume (…) la femme est l’avenir de l’homme ». Oui, un futur placé sous le signe de la Femme, autrement dit du bannissement de la violence, de la douceur. Cependant, Thanatos a encore de beaux jours devant lui.
Le poète a toujours raison disait Aragon par la voix de Ferrat. Merci Kamal Zerdoumi pour ce texte très émouvant. Merci Monsieur le Poète.