La Négresse blonde

Georges Fourest

Cannibale, mais ingénue, elle est assise, toute nue, sur une peau de kanguroo, dans l’île de
Tamamourou!
Là, pétauristes, potourous, ornithorynques et wombats,

phascolomes prompts au combat,

près d’elle prennent leurs ébats!
Selon la mode
Papoua, sa mère, enfant, la tatoua: en jaune, en vert, en vermillon, en zinzolin, par millions

oiseaux, crapauds, serpents, lézards, fleurs polychromes et bizarres,

chauves-souris, monstres ailés, laids, violets, bariolés, sur son corps noir sont dessinés.
Sur ses fesses bariolées on écrivit en violet deux sonnets sibyllins rimes par le poète
Mallarmé et sur son ventre peint en bleu fantastique se mord la queue un amphisbène.

L’arête d’un poisson lui traverse le nez, de sa dextre aux doigts terminés par des ongles teints au henné, elle caresse un échidné, et parfois elle fait sonner en souriant d’un air amène

à son col souple un beau collier de dents humaines,

La belle
Négresse, la
Négresse blonde !

Or des
Pierrots, de blancs
Pierrots, de doux
Pierrots blancs comme des poiriers en fleurs,

comme la fleur des pâles nymphéas sur l’eau, comme l’écorce des bouleaux, comme le cygne, oiseau des eaux,

comme les os

d’un vieux squelette, blancs comme un blanc papier de riz, blancs comme un blanc
Mois-de-Marie, de doux
Pierrots, de blancs
Pierrots

dansent le falot boléro

la fanfoulla, la bamboula,

éperdument au son de la

maigre gusla,

autour de la

Négresse blonde.

Georges Fourest, La Négresse blonde, 1909

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1 commentaires sur “La Négresse blonde”

  1. Mike

    dit :

    Quel régal ! Fourest c’est le plus fort…

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