Dormir, la lune dans un œil et le soleil dans l’autre,
Un amour dans la bouche, un bel oiseau dans les cheveux,
Parée comme les champs, les bois, les routes et la mer,
Belle et parée comme le tour du monde.
Fuis à travers le paysage,
Parmi les branches de fumée et tous les fruits du vent,
Jambes de pierre aux bas de sable,
Prise à la taille, à tous les muscles de rivière,
Et le dernier souci sur un visage transformé.
Paul Eluard, Capitale de la douleur, Répétitions, 1926
Je me suis permis d’écrire une traduction portugaise à ce beau poème. À qui cela puisse faire plaisir :
Suite
Paul Éluard
Dormir, a lua num olho e o sol noutro,
Um amor na boca, bela ave nos cabelos,
Ornada como campos, bosques, sendas e o mar,
Bela e ornada como a volta ao mundo.
Fuja através da paisagem,
Em meio aos galhos de fumo e frutos do vento,
Pernas de pedra de peças arenosas,
Cingida à cintura, às fibras de riacho,
Derradeiro incômodo num rosto transformado.