Elle était fort déshabillée
Et de grands arbres indiscrets
Aux vitres jetaient leur feuillée
Malinement, tout près, tout près.
Assise sur ma grande chaise,
Mi-nue, elle joignait les mains.
Sur le plancher frissonnaient d’aise
Ses petits pieds si fins, si fins.
– Je regardai, couleur de cire
Un petit rayon buissonnier
Papillonner dans son sourire
Et sur son sein, – mouche au rosier.
– Je baisai ses fines chevilles.
Elle eut un doux rire brutal
Qui s’égrenait en claires trilles,
Un joli rire de cristal.
Les petits pieds sous la chemise
Se sauvèrent : « Veux-tu finir ! »
– La première audace permise,
Le rire feignait de punir !
– Pauvrets palpitants sous ma lèvre,
Je baisai doucement ses yeux :
– Elle jeta sa tête mièvre
En arrière : « Oh ! c’est encor mieux !
Monsieur, j’ai deux mots à te dire… »
– Je lui jetai le reste au sein
Dans un baiser, qui la fit rire
D’un bon rire qui voulait bien…
– Elle était fort déshabillée
Et de grands arbres indiscrets
Aux vitres jetaient leur feuillée
Malinement, tout près, tout près.
Arthur Rimbaud
Cahiers de Douai, 1870
Les champs de blé me manquent…
Pure masterclass
Wow, vraiment Incroyable !!!
Que c’est beau ! J’aime la quatrième strophe.
Je ne me sens pas représenté dans ce poème
Poème très mauvais. Vocabulairement très vulgaire.
Cela ne reflète pas mas vie 🙁
Salut, j’ai un doute quant au consentement de la jeune femme dans ce poème. Quelqu’un pour m’éclairer?
J’adore
Un poeme de farfadet malicieux remplie de malices et d’espieglerie féerique
Très beau poème, qui reflète parfaitement ma vie actuelle.
Emmanuel que fais-tu à lire ce genre de poème ? Je ne t’en donne pas suffisamment à la maison ?
Poème très drôle, j’ai les larme aux yeux. Mais quel comique ce petit Molière.
Personne ne semble porter attention à l’importance du rôle que jouent « les grands arbres indiscrets » penchés à l’extérieur; ces voyeurs silencieux, passifs mais « malinement » omniprésents (du début à la fin, ils encadrent toute la scène) donnent au poème une charge érotique qui contraste explicitement avec l’innocence presque enfantine du tableau untimiste.
Amour de poème PURement platonique.
Les “analyses” scolaires veulent souvent voir dans le « mièvre » du mépris, le prenant dans son sens péjoratif actuel de « fade ». Faire croire qu’Arthur partage leur dédain pour le genre feminin semble plaire à ces commentateurs. Mais ce « mièvre » là ne va ni avec la complicité que le poème nous fait partager, ni avec le «féminisme » souvent témoigné par Rimbaud comme dans cette fameuse lettre : « Quand sera brisé l’infini servage de la femme, quand elle vivra pour elle et par elle, l’homme, – jusqu’ici abominable, – lui ayant donné son renvoi, elle sera poète, elle aussi ! La femme trouvera de l’inconnu ! Ses mondes d’idées différeront-ils des nôtres? – Elle trouvera des choses étranges, insondables, repoussantes, délicieuses ; nous les prendrons, nous les comprendrons. ».
Alors, que voulait dire Arthur avec son mièvre en 1870 ?
Grace aux infos donnés par le lexicographe du CNRS: tout s’arrange!
MIEVRE
A. − Vieilli, fam. [En parlant d’un enfant] Qui est vif, espiègle; qui a de la vitalité, une gaieté malicieuse. Elle est si gentille [cette enfant de six ans] (…) et si espiègle,si mièvre, comme on disait de mon temps! (Richepin,Miarka,1883, p.113).
− P. anal., en emploi subst. Eh! oui, vraiment, c’est cette mièvre effrontée de chevrette de montagne, qui rôdoit toujours avec ses petits autour de mon champ (Nodier,Fée Miettes,1831, p.38).
B. − Qui est puéril; p.ext., qui n’a pas d’intensité, qui manque de force, de netteté, de puissance, de naturel; qui est fade, affecté.
Donc : jusqu’en 1880 1890, mièvre voulait dire : « vif, malicieux, espiègle »!!
Avouer que ca va bien mieux avec le ton de partage et de complicité entre les amants du poème, non?: « (Espiègle), elle jeta sa tête malicieuse / en arrière » (même si la rime disparaît !)
Ce poème érotique est bien. Il est très sensuel.
C’est mignon bien sûr; c’est certainement érotique. Les deux, car c’est innocent.
Fi de la pureté et de sa pruderie: la jeunesse est innocente.
Ce n’est pas mignon, c’est érotique, nuance.
oui… 1 prince assis dans le desert… qui boit l’oasis…
Magnifique du grand Rimbaud
C’est mignon.