Un oiseau siffle dans les branches
Et sautille gai, plein d’espoir,
Sur les herbes, de givre blanches,
En bottes jaunes, en frac noir.
C’est un merle, chanteur crédule,
Ignorant du calendrier,
Qui rêve soleil, et module
L’hymne d’avril en février.
Pourtant il vente, il pleut à verse ;
L’Arve jaunit le Rhône bleu,
Et le salon, tendu de perse,
Tient tous ses hôtes près du feu.
Les monts sur l’épaule ont l’hermine,
Comme des magistrats siégeant.
Leur blanc tribunal examine
Un cas d’hiver se prolongeant.
Lustrant son aile qu’il essuie,
L’oiseau persiste en sa chanson,
Malgré neige, brouillard et pluie,
Il croit à la jeune saison.
Il gronde l’aube paresseuse
De rester au lit si longtemps
Et, gourmandant la fleur frileuse,
Met en demeure le printemps.
Il voit le jour derrière l’ombre,
Tel un croyant, dans le saint lieu,
L’autel désert, sous la nef sombre,
Avec sa foi voit toujours Dieu.
A la nature il se confie,
Car son instinct pressent la loi.
Qui rit de ta philosophie,
Beau merle, est moins sage que toi !
Théophile Gautier
Chaque fois que j’entends, en février, parfois même fin janvier, le premier merle siffler dans les arbres noirs, je me souviens de ce poème appris au primaire, à l’époque où on n’avait pas honte de demander aux enfants, des efforts de mémoire. Chaque fois aussi, je retrouve le même élan de sympathie pour le vaillant, petit chanteur d’espérance, modeste et fier à la fois.
Magnifique poème ! Quel bonheur de lire de si beaux textes !!! Merci !
J’ai du apprendre ce poeme et le reciter pour un concours d’art oratoire. Javais peut être 8 ans et ca 60 ans passés, et je m’en souviens toujours sauf quelques lignes.
J’adore cette poésie
Que signifie le mot « frac » svp ?
Je viens de le réciter. Je n’avais plus l’auteur. Souvenir de 1968.
J’ai 67 ans bientôt, et je me revois apprendre ce poème. C’était l’époque où on considérait que l’enfant était capable d’apprendre.
En 1976, après la mort de mon père, je rentre en CM2, la mort de mon père ma déprimé donc j’ai décidé de le venger (en ayant des bonnes notes) car il en avait des mauvaises. Cette poésie de Théophile Gautier me rappelle cette (courte) période de bonne résolution.
Je viens de fermer mes volets, et en ce février d’Alsace, j’ai à nouveau entendu un merle chanter. Cela m’a immédiatement fait penser à ce poème. Je ne me souvenais plus des trois dernières strophes mais que voulez-vous à quatre-vingt quatre ans la CM deux est si loin !
Geneviève Sommer le 10/02/2022
Mai ou juin 1955 je passais mon certificat d’études, mon instituteur me savait réfractaire à apprendre par coeur ; aussi fût il surpris à la lecture de mes notes, de savoir que j’avais récité et un + (au lieu d’apprendre j’avais passé des heures sur le cahier en écrivant à la gouache les textes et dessins complémentaires), le feu dans la cheminée m’avait été expliqué par mon voisin de table. Ce texte je l’ai toujours en tête, sauf la suite et fin que je découvre aujourd’hui. Jeunesse où es tu ? Merci Mr l’instit
Cela me rappelle les jours où j etais encore enfant sautillant comme un oiseau dans la cour de l’école.
Lit-on encore d’aussi beaux textes à l’école ? J’en doute un peu; ils engendrent pourtant chez le lecteur une grande sérénité.
Le merle chante. Le souvenir de la classe de CM1
J’adore Théophile Gautier
Je dois faire une anthologie. Quelle est la date de cet ouvrage ?
Cet auteur a-t-il fait des poèmes sur les loups?
Théophile Gautier, je vous adore !
Ah les récitations de cet auteur comme je les aimais ! Elles me réchauffent le coeur qui s’est forgé aussi en les apprenant.