Mon pauvre cœur bave à la poupe,
Mon cœur est plein de caporal ;
Ils lui lancent des jets de soupe,
Mon triste cœur bave à la poupe :
Sous les quolibets de la troupe
Qui pousse un rire général,
Mon triste cœur bave à la poupe
Mon cœur est plein de caporal !
Ithyphalliques et pioupiesques,
Leurs insultes l’ont dépravé.
À la vesprée, ils font des fresques
Ithyphalliques et pioupiesques,
O flots abracadabrantesques
Prenez mon cœur, qu’il soit sauvé !
Ithyphalliques et pioupiesques
Leurs insultes l’ont dépravé !
Quand ils auront tari leurs chiques,
Comment agir, ô cœur volé ?
Ce seront des refrains bachiques
Quand ils auront tari leurs chiques :
J’aurai des sursauts stomachiques
Si mon cœur triste est ravalé :
Quand ils auront tari leurs chiques,
Comment agir, ô cœur volé ?
Arthur Rimbaud
Le viol collectif de Rimbaud est désormais avéré par les biographes les plus sérieux, ainsi du britannique Charles Nicholl (Somebody Else). Voir aussi ses camarades de la Commune et Rimbaud lui même posant près de la colonne Vendôme abattue (découverte d’Aidan Andrew Dun).
J’ai compris le sens et je pense que Teulé a raison.
Cette théorie de Jean Teulé n’est pas avérée absolument. Il est possible que Rimbaud ait juste été rejeté et insulté par des soldats de la Commune de Paris qu’il souhaitait rejoindre pendant les combats. Ces quelques semaines de la vie de Rimbaud sont mal connues et si l’on sait à coup sûr qu’il a voulu rejoindre les champs de bataille pour apporter son aide aux Communards (plusieurs de ses amis ont témoigné), on n’est pas du tout certain, en revanche, qu’il y soit parvenu. Certains spécialistes pensent qu’il est resté bloqué à quelques kilomètres des champs de bataille, toutes les routes ayant été coupées. En réalité, on sait très peu de choses. Jean Teulé qui écrit beaucoup de biographies de personnages historiques, romance souvent pour rendre ses livres plus attrayants, et d’ailleurs ne s’en cache pas. Il brode sur les zones d’ombre. Cette histoire de viol reste cependant une possibilité. Chacun interprétera en lisant le poème.
Et moi aussi je ne savais pas, je suis très émue.
Merci de m’avoir aidé à comprendre Alexandre Charlet
Longtemps, je n’ai pas compris ce poème. Grâce à Jean Teulé, il y a quelques jours, qui a expliqué que ce poème est une allusion à un viol que des militaires ont fait subir au jeune Rimbaud, tout s’est éclairé ! Il suffit de remplacer « coeur » par « cul ».