Ô nostalgie des lieux qui n’étaient point
assez aimés à l’heure passagère,
que je voudrais leur rendre de loin
le geste oublié, l’action supplémentaire !
Revenir sur mes pas, refaire doucement
– et cette fois, seul – tel voyage,
rester à la fontaine davantage,
toucher cet arbre, caresser ce banc …
Monter à la chapelle solitaire
que tout le monde dit sans intérêt ;
pousser la grille de ce cimetière,
se taire avec lui qui tant se tait.
Car n’est-ce pas le temps où il importe
de prendre un contact subtil et pieux ?
Tel était fort, c’est que la terre est forte ;
et tel se plaint : c’est qu’on la connaît peu.
Rainer Maria Rilke, Vergers, 1926
Petit village suisse (Rarogne) que Rilke a choisi pour son éternité. Sa tombe constellée de différentes roses livre son épitaphe :
« Rose, ô pur accord des contraires, joie de n’être le sommeil de
personne sous tant de paupières. »
« Rose,ô pure contradiction, volupté de n’être le sommeil de personne
sous tant de paupières. »
Vous pouvez choisir celle qui correspond à votre nostalgie.
Un mauvais poème, pour une fois.
Le nostalgie est tout le temps si puissant pour les humaines. Les memoires si fortes!